C P E Bach Concertos pour piano Wq 7 37 et 42 Rische Berliner Barock Solisten - HC25009

Les lecteurs assidus de Clic Mag connaissent déjà (n° 141, p. 4) l’extrême qualité de la somme que le label Hänssler Classic a consacrée à ce fils privilégié de Johann Sebastian. En est extrait le présent enregistrement : le huitième et ultime de la série des vingt-quatre concertos pour piano, sur les 52 œuvres de ce genre qu’a composées C.P.E. Bach, dont l’autre part est soit perdue, oubliée ou méconnue. Michael Rische s’est donné la tâche d’en faire revivre les plus représentatifs, et, comme chaque fois dans ses enregistrements, il propose ici trois œuvres qui exposent trois étapes de l’évolution stylistique du compositeur en insistant notamment sur la fonction qu’y assument les cadences : certaines, comme dans le cas du concerto en Ut mineur de 1762, ont été spécifiquement rédigées par le compositeur, d’autres, comme dans les cas des concertos en La majeur de 1740 et en Fa majeur de 1770 sont laissées à la libre disposition et inspiration de l’interprète. On reconnaît en cela le souhait du compositeur de faire de l’interprète un élément de contribution fondamentale à la vie de l’œuvre sur l’instant. Prenons garde toutefois de commettre un anachronisme : à l’exception de l’exemple du 5e concerto brandebourgeois, à la cadence paternelle entièrement rédigée et longuement développée, les cadences de concertos sont encore à l’époque bien plus brèves que chez Mozart ou Beethoven. Ce sont la plupart du temps des sortes de transitions étendues mettant plus en valeur le goût et le sens de l’improvisation que la virtuosité digitale proprement dite. Michael Rische confirme pleinement dans ce dernier volume son intelligence de la forme et des proportions de ces cadences dans trois concertos qui brillent par l’ingéniosité et la diversité des humeurs expressives dont C.P.E. Bach a fait sa marque de fabrique. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)