Charles-Valentin Alkan (1813-1888)
Grande Sonate, op. 33 "Les quatre âges"
Trois Morceaux dans le genre pathétique, op. 15 "Souvenirs"

Mark Viner, piano

Deux albums Thalberg et un plein disque du Liszt transcripteur d’opéra, tous assez époustouflants, et comme venu d’un autre monde un subtil bouquet de pièces de fantaisie de Cécile Chaminade, Mark Viner affiche une discographie aussi rare que détonante. Il n’en est pas à son premier opus chez Alkan, pour le même éditeur Les 25 Préludes, les Etudes op. 35 l’avaient déjà montré chez lui dans la part la plus virtuose, la plus ardue aussi de ce continent de piano, si l’on en croit son éditeur, il se serait même engagé dans l’intégrale. La Grande Sonate op. 33 et ses « quatre âges » marie la virtuosité la plus inextinguible avec l’imaginaire soufré, la face diabolique jusqu’à l’étrange qui ouvrent les portes du plus secret des cabinets de travail d’Alkan. Il y faut une imagination certaine, et des moyens hors du commun, Marc André Hamelin ayant réuni dans un disque parfait l’une et l’autre. Je craignais que Mark Viner et son pianisme plus anguleux cèdent devant cet album déjà historique, du moins pour tout ceux qui aiment Alkan (car tant continuent à le détester ou, au mieux, à le considérer comme un original plutôt inutile dans l’histoire du répertoire pianistique). Il apporte un raptus plus âpre au Très vite de 20 ans, un brio saisissant au Quasi-Faust, mais comment ne pas entendre comme les deux mouvements suivants, surtout Prométhée, manquent du creusement sonore, de la poésie métaphysique qu’y mettait Marc André Hamelin, et chez le même éditeur, Vincenzo Maltempo, qui y convoquait des couleurs busoniennes ? Demi réussite donc, mais comment expliquer alors qu’il semble passer à coté de la part lyrique de la Grande Sonate, sa réussite dans les trois volets des magnifiques Souvenirs ? La romance faussement tendre d’Aime-moi, les divagations nocturnes de Le vent (une des plus belles pièces caractéristiques d’Alkan), le tombeau très Liszt, ouvert par un glas obstiné, de Morte, que Mark Viner entend comme la vaste paraphrase sur le Dies Irae qu’elle est en effet, sont les vrais grands moments de ce disque attachant. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

Volume 2 in what is set fair to become the definitive Alkan cycle on disc. Mark Viner’s Piano Classics albums of rarities and masterpieces from the high noon of the virtuoso age have attracted bouquets of praise from international magazines. Most recently he released Alkan’s 25 Préludes dans tous les tons majeurs et mineurs, Op.3 (PCL10189) to great acclaim: ‘This is a superb disc, beautifully recorded… and another feather in the cap of this remarkable British pianist.’ (Gramophone). ‘Viner shows he is an impressively unflappable interpreter of this sometimes extraordinary music… His playing is never showy; he emphasises that these are profound explorations of early romantic sensibility first and extreme technical challenges second, and that is a totally convincing way of dealing with some of the most remarkable piano music of its time.’ (The Guardian) For Viner, Alkan himself is the most enigmatic figure in the history of music – but also one of the most intriguing and alluring names among the pantheon of pianistcomposers. He feels that the Op.33 Sonata is, quite simply, the greatest French piano sonata of all, and plays it with commensurate passion and conviction. Composed in the late 1840s and published in 1848, the sonata outlines four decades in the life of man, from the twenties to the fifties, within a conventional, albeit highly expanded and imaginatively embellished four-movement structure. However, Alkan stressed that his intention was not to compose imitative or literal tone-painting: ‘the first piece is a Scherzo; the second an Allegro; the third and fourth an Andante and a Largo; but each one of them corresponds, in my mind, to a given moment of existence, to a particular disposition of thought.’ The earlier Souvenirs – Trois Morceaux dans le genre pathétique, Op.15 (1837) is Alkan’s first foray into large-scale structures with the third piece’s recapitulation of ideas from the previous two, constituting a single unity through their half an hour’s duration.