 Des pièces de charmes ? Et alors ? C’est d’ailleurs réduire l’art de Cécile Chaminade à ce que l’on croit être l’apanage de son sexe. Elle a pourtant d’autres cordes à son arc, aura hérité de Benjamin Godard, son professeur de piano au Conservatoire, cet arc-en-ciel de couleurs qui fait de son clavier un orchestre en miniature, et aussi une pointe sèche qui trace avec cette pincée de fantaisie dont elle ne peut s’empêcher , le brio de Guitare, noté « caprice. Capricieuse elle l’est, et fine portraitiste d’un même geste au long des "Six Pièces humoristiques", et divinement lorsque la danse l’anime : le "Pas des écharpes" déduit de "Callirohé" l’atteste et donne envie qu’enfin ce ballet pour l’Opéra de Marseille soit enregistré, car toute brillante pianiste qu’elle fut, son œuvre ne s’est pas limitée au clavier. Une pincée d’épices juste assez dosée, permet de faire entrer au salon la "Danse créole" qui cambre une havanaise de haute fantaisie, idem pour "Lolita", mais la force de ce troisième volume est de nous dévoiler trois pièces de la maturité, "L’Ondine" de 1901, conte de clavier déjà assez sombre, écoutez Poséidon montant des basses ! Et surtout ce poème lamento de "Au pays dévasté", écho de la Grande Guerre qui vient de s’achever, vite relayée par la pandémie de grippe espagnole. Cécile Chaminade verra l’autre guerre, mourant à sa quasi fin, oubliée, ayant délaissé la composition, de tout cela Mark Viner joue en virtuose, trouvant dans ce cycle intelligemment composé de quoi se délasser de son parcours Alkan, et pourtant l’univers de Cécile Chaminade n’est pas moins exigeant pour les doigts, mais ne l’inspirait-il au fond pas plus ? (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Redécouvrons Cécile Chaminade. Née en 1857 d'une famille fortunée, elle s'avère dès le plus jeune âge doué pour le piano (Bizet la surnommait « mon petit Mozart »), et prend des cours de composition auprès de Benjamin Godard malgré le refus paternel. Elle fréquente nombre d'artistes et de musiciens lors des soirées organisées au Vésinet où réside sa famille, Bizet, Camille Saint-Saëns et Emmanuel Chabrier. Sa carrière assez prolifique de pianiste ne l'empêche nullement de composer de nombreuses pages orchestrales, concertantes, et près de 200 pièces pour piano. Elle décède en 1944 à Monte-Carlo. Mark Viner poursuit semble-t-il une intégrale de la musique pour piano avec ce second volume qui propose une sélection de pièces de caractère. Ses « Six pièces humoristiques » sont d'humeurs changeantes, on y perçoit une certaine pointe d'Inquiétude, de nostalgie (Consolation) et même de rébellion (Norvégienne). L'Ondine est charmante mais plus anecdotique que celles de Ravel ou Debussy qu'elle précède. Guitare et Lolita sont de délicieuses espagnolades, genre très prisé à l'époque. Exotisme aussi avec une havanaise chaloupée (Danse créole). Opus tardif, Au pays dévasté évoque avec une languide mélancolie la seconde guerre mondiale. Quant aux Six Études de concert, elles sont d'une virtuosité assumée dans la tradition romantique de Chopin et de Liszt. Prestation impeccable du pianiste américain. (Jérôme Angouillant)  The first volume of Cécile Chaminade’s piano music on Piano Classics won the same kind of universal accolades as the rest of Mark Viner’s fast-growing catalogue of albums for the label. His masterful advocacy is helping her to regain the reputation she enjoyed during her lifetime, when she could count Queen Victoria among her legion of ardent fans, in a long and fruitful career capped by becoming the first female composer to be awarded the Legion d’honneur, in 1913 – when she still had more than 30 years of productive music-making ahead of her. Chaminade is principally remembered today as a composer of salon music, but she began her career writing on a much grander scale and with loftier expressive ambitions, both for the piano and in other genres. Such ambitions leave a mark on the set of six Etudes de concert which Mark Viner has compiled from different opus numbers (distinct from the Op.35 set recorded on Volume 1), beginning in dazzling style with the flashing runs of the Etude romantique, Op.132 and ending with the no-nonsense counterpoint of the Etude scolastique, Op.139. Au pays dévasté Op.155 (In the devastated country) is one of Chaminade’s most profound conceptions, among the most serious of her late works, published in 1919 in the wake of the First World War, which she had spent as a nurse to wounded soldiers away from the front line. However, there is also plenty of Chaminade the charmer here, at the peak of her powers in the Six Pièces humoristiques – the first and last of which receive their world premiere recordings here. The album opens with Ondine, among her most supple and delicately textured tone-poems, and closes with the irrepressibly cheeky Lolita, a ‘caprice espagnol’ worthy of Carmen herself. Further highlights in between include a swaying and sensuous Danse creole Op.94 and the offbeat, coquettish Guitare Op.34. Under Mark Viner’s fingers, Chaminade casts the same spell here as she did over audiences across Europe 150 years ago.

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