Benjamin Britten (1913-1976)
Albert Herring, op. 39, opéra-bouffe de chambre en 3 actes

John Graham-Hall, ténor (Albert Herring)
Patricia Johnson, mezzo-soprano (Lady Billows)
Alan Opie, baryton (Sid)
Felicity Palmer, mezzo-soprano (Florence Pike)
Jean Rigby, mezzo-soprano (Nancy)
Elizabeth Gale, soprano (Miss Wordsworth)
Derek Hammond-Stroud, baryton (Mr Gedge)
Alexander Oliver, ténor (Mr Upfold)
Richard Van Allan, basse (Surintendant Budd)
Patricia Kern, mezzo-soprano (Mrs Herring)
Maria Bovino, soprano (Emmie)
Bernadette Lord, soprano (Cis)
Richard Peachey, soprano enfant (Harry)
The Glyndebourne Chorus
Ivor Bolton, direction
Solistes du London Philharmonic Orchestra
Bernard Haitink, direction
Peter Hall, mise en scène

Créé à Glyndebourne en 1947, le troisième opéra de Benjamin Britten et « plus grand opéra-comique du siècle » d’après Sviatoslav Richter, est ici filmé en 1985 au même endroit dans la production délicieusement pittoresque d’une Angleterre victorienne à jamais disparue de Peter Hall. Transposant en Angleterre la farce de Maupassant sur l’élection d’un « rosier » et non d’une « rosière », faute de pouvoir élire une reine de Mai rassemblant toutes les vertus qu’exige la gardienne de l’ordre moral, ici, Laby Bellows, c’est ce grand échalas naïf d’Albert Herring, couvé par sa mère, qui va devenir roi de Mai… et finir par s’encanailler, rhum aidant. Ce DVD « collector » ravira autant l’oreille que la vue (même si on n’est pas en HD !) grâce à un plateau vocal entièrement britannique irréprochable depuis le rôle-titre de l’irrésistible John Graham-Hall harcelé par sa mère jusqu’aux trois enfants excellents en passant par les cinq rôles féminins tous magnifiquement tenus par Felicity Palmer (première apparition à Glyndebourne), Patricia Johnson, imposante et quelque peu parodique, Elizabeth Gale, papillonnante, la regrettée Patricia Kern en mère autoritaire et Jean Rigby qui forme avec Alan Opie un couple d’amoureux charmants. Citons aussi Alexander Oliver en maire pompeux, Derek Hammond-Stroud en pasteur accommodant et Richard Van Allan en solide défenseur de la loi. S’ajoute à cet idéal vocal la direction millimétrée du grand Bernard Haitink disparu en 2021 qui met à l’honneur les solistes de l’Orchestre philharmonique de Londres dans une partition complexe où se succèdent airs, trios, quatuors, quintettes, lamentation à neuf voix (thrène) et interludes orchestraux. Enfin, la mise en scène et les décors qui sentent bon l’Angleterre provinciale avec intérieur bourgeois, épicerie modeste et fête champêtre complètent la réussite. Du grand art comme Glyndebourne sait en produire à profusion. (Gérard Martin)

Benjamin Britten’s comic opera, which is gently laced with moments of farce, is a jocular parody on life in East Suffolk at the turn of the 20th century. Albert Herring is a quaint, nostalgic journey to a bygone England and the journey has come full circle back to Glyndebourne where this piece was premiered in 1947. The ensuing antics are brilliantly characterised by a strong British cast in this production, which is infused with freshness and limitless charm. Expertly conducted by Bernard Haitink, this archive recording showcases some of Britain’s finest singers in this landmark production by Peter Hall.