 Des Sonates, les deux volets de l’opus 120 ? Des Contes plutôt, tant la clarinette diseuse de Sebastian Manz semble narrer des romances pastorales mêlées d’échos fantasques. Dès l’incipit de la Sonate en fa mineur le ton de plein mystère est donné, le développement ajoutant quelque chose de capricieux, de quasi improvisé. Fabuleux ! L’alliage entre le piano mobile, d’une variété de couleurs et d’accents stupéfiante, d’Herbert Schuch, et cette clarinette si éloquente, assez sombre de timbre. Les deux amis glissent entre les deux Sonates, deux cahiers de contes. Celui de Schumann est bien connu, ils l’emportent avec une imagination saisissante, et il faut entendre la furia du "Rasch und mit Feuer" ! Celui de Gade l’est beaucoup moins, suite de quatre mélodies sans paroles assez mendelssohnienne, parenthèse de pur charme. Puis la seconde Sonate déploie ses vastes cantabiles, ses rêves lacustres, que pimentent quelques hungarismes si subtilement soulignés par le pianiste. Lecture secrète, intime, souvent à la limite de ce silence qui est encore musique jusque dans l’Andante final. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  La particulatité des deux Sonates op. 120 de Brahms est la possibilité de leur interprétation soit par l’alto, soit par la clarinette. Les interprètes du présent enregistrement ont choisi la seconde possibilité, celle qui retient ma préférence, et qui les place dans la lignée d’interprètes tels que Daniel Barenboim et Gervase de Peyer, Frankl Péter et Janet Hilton, Georges Pludermacher et Michel Portal, Peter Serkin et Harold Wright, Éric Le Sage et Paul Meyer, Gehrard Oppitz et Karl Leister, etc. Complétées par des pages méconnues de Gade et de Schumann, également modulables selon divers instruments, les deux Sonates de Brahms trouvent en Sebastian Manz, fils du remarquable pianiste Wolfgang Manz, et Herbert Schuch, deux interprètes d’exception dont on appréciera l’extrême et profonde connivence. Écoutez par exemple, pour vous en convaincre, la ductilité du souffle du clarinettiste et l’accompagnement en une myriade de nuances du pianiste dans l’Andante un poco Adagio de la première Sonate. Découvrez la liberté d’interprétation de la Ballade de Gade, 3e pièce de ses Fantasiestücke op. 43, l’ardeur du Rasch und mit Feuer de la dernière des Pièces de fantaisie op. 73 de Schumann. Quant à l’Allegro appassionato de la seconde des deux Sonates de Brahms, qui pourrait résister à sa ferveur ? Parmi un catalogue impressionnant d’enregistrements divers, celui proposé aujourd’hui se signale par une musicalité remarquable et un choix d’œuvres complémentaires d’une justesse absolue. Une réussite à mettre au crédit des deux interprètes et qui mérite d’être hautement signalée et reconnue. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)

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