Dans un passionnant livret, l’interprète revient sur la genèse des suites françaises et notamment des trois suites “orphelines” (en mi bémol majeur, sol mineur et la mineur) dont il doute de l’authenticité. Il affirme que le choix des instruments est affaire de goût et contrairement à l’avis de certains musicologues, il ne pense pas que certaines pièces aient été attribuées à tel ou tel instrument. Le clavicorde de Peter Bavington est joué en première partie. Il est la copie d’un instrument de Nuremberg attribué à Johann Heinrich Silberman. Fabriqué dans les ateliers de Jukka Ollikka de Prague, le clavecin concerne le second disque. Chacun des deux instruments est au service de la clarté du jeu de Mahan Esfahani. Il choisit des tempi modérés et et bénéficie d’une acoustique appropriée ainsi que d’une captation particulièrement soignée. (Jean Dandrésy)  Conquérant les Suites françaises à l’abordage, Mahan Esfahani avait-il besoin de prendre tant de risques ? Le pari de réserver les trois premières au clavicorde était brillant sur le papier, il est devenu sinistre à l’écoute, l’instrument morcelant les phrasés, la prise de son au volume augmenté achevant de faire l’expérience claustrophobique. Quel soulagement lorsqu’enfin il ébroue avec autant d’autorité que d’audace les trois suivantes, sur le grand clavecin réinventé par Jukka Ollikka, aux sources composites (il aurait probablement plu à Wanda Landowska!) Soudain tout chante (même dans ces tempos larges dont, à l’instar de Scott Ross, il possède l’alchimie, ce legato soi-disant interdit par l’instrument à cordes pincées), tout danse, l’air entre à foison, je respire et je savoure l’art de ce petit génie du clavecin qui ajoute trois Suites qu’il désigne joliment comme orphelines. Pour le clavecin certainement pas, pour le clavicorde certainement oui, hélas seule la Suite en la mineur, d’ailleurs d’origine plus qu’incertaine et certainement composite, on évoque Purcell, Haendel, résonne sur le merveilleux instrument que le facteur finnois a longtemps rêvé avant de le créer dans ses ateliers pragois. Pour cette face d’un album très Janus, il faut tenter l’expérience. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

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