 Le calendrier des parutions discographiques nous aura offert, en l'espace de quelques mois, deux interprétations singulières et sublimes de ces chefs-d'œuvre. Après Tetzlaff, Fontanarosa. Tout pourrait opposer ces interprètes (âge, formation, carrière, style). Le plus jeune a enregistré deux fois ces pages (déjà des coups de maître) avant d'atteindre son zénith. Fontanarosa lui, les aura portées et jouées au fil d'une longue carrière sans "oser" jusqu'ici les enregistrer. Il suffit de lire les propos de ces interprètes pour comprendre ce qui les réunit. On est, dans les deux cas, au-delà de toute considération musicologique, de toute approche liée à une école : la singularité de l'artiste est en prise directe et comme immédiate avec l'universalité de l'œuvre, qu'elle prend en charge avec autant d'amour, et d'humilité que de ferveur et de sincérité. Savoir-faire, travail, technique semblent oubliés, effacés, ou plutôt condensés ici à l'extrême, sublimés dans le don, le partage qui seuls, donnent sens à la geste musicale. Tetzlaff : "Les jugements n'ont plus d'importance , [ma] liberté me permet de laisser parler l'émotion et de me concentrer sur l'essentiel : ce que je partage avec les autres". Fontanarosa : "Je ne suis jamais arrivé à être conduit par autre chose que par ce que je ressens […], il m'avait semblé vain de « fixer » ces œuvres. Mais tout ayant une fin, la conscience de cette échéance m'a donné le désir de laisser ma trace de ce que j'aime dans ce chef-d'œuvre. Modestement, bien évidemment […] Avec l'impérieux désir de le communiquer". Et nous sommes conquis dès les premières notes : l'évidence est là, lumineuse, aérée, dansante, parfois plus intense et plus sombre. Avec une diction, une sonorité parfaite, sans apprêt, qui touchent et ravissent. Il y a chez Fontanarosa comme un dialogue entre soi et soi, habité du regard qu'il porte sur lui-même (c'est le sens que prennent métaphoriquement à notre oreille les effets de polyphonie, ce jeu de plusieurs violons en un seul dans l'écriture de Bach). L'auditeur ne cesse d’y être inclus, captivé lui-même au plein sens du terme. Le "romantisme " invoqué Fontanarosa, mot auquel il donne un sens autre que ce qu'il évoque d'ordinaire, c'est ce partage même de l'émotion. Un enregistrement admirable, de bout en bout. (Bertrand Abraham)  Ainsi donc, le calendrier des parutions discographiques nous aura offert, en l'espace de quelques mois, deux interprétations également singulières et également sublimes de ces chefs-d'œuvre absolus de la musique instrumentale de Bach que sont (avec les sonates pour violoncelle seul), les sonates et partitas pour violon. Après celle de Christian Tetzlaff, celle de Patrice Fontanarosa. Tout pourrait opposer ces interprètes (leur âge, leur formation, leur carrière, leur style). L'un (le plus jeune) paraît avoir eu besoin d'enregistrer deux fois ces œuvres (deux coups d'essai qui étaient déjà des coups de Maître) pour parvenir à la vision parfaitement accomplie qu'il nous a donnée récemment. P. Fontanarosa qui les a portées et les a joués en concert au fil d'une longue carrière n'avait jamais « osé » jusqu'ici les enregistrer. Il suffit de lire ou d'entendre ce que nous disent ces deux interprètes dans les livrets de leurs Cd, ou dans leurs interviews, pour comprendre ce qui les réunit. Nous sommes dans les deux cas au-delà de toute considération musicologique, de toute approche liée à une école, de toute préoccupation de détail : la singularité de l'artiste est en prise directe et comme immédiate avec l'universalité de l'œuvre, qu'elle prend en charge avec autant d'amour, et d'humilité que de ferveur et de bonheur. Tout le savoir-faire, le travail, la technique qui a permis à ces deux interprètes d'en arriver là semble oublié, effacé, rendu invisible ou plutôt condensé à l'extrême, rendu et comme sublimé au profit de la même générosité, qui seule donne son sens à la geste musicale : le partage avec l'auditeur, le don. À celui qui dit : « Il faut du temps pour se défaire des habitudes, des idées reçues. Aujourd'hui les jugements n'ont plus d'importance pour moi » et qui revendique « une liberté qui permet de laisser parler l'émotion et de me concentrer sur l'essentiel : ce que je partage avec les autres (Tetzlaff), fait écho l'aîné : « je ne suis jamais arrivé à être conduit dans mon chemin musical par autre chose que par ce que je ressens […] il m'avait semblé vain de « fixer ces œuvres, préférant les donner évolutives, vivantes. Mais tout ayant une fin, la conscience de cette échéance m'a donné le désir de laisser une trace, ma trace de ce que j'aime dans ce chef-d'œuvre. Modestement, bien évidemment […] Avec l'impérieux désir de le communiquer » (Fontanarosa). Et nous voilà conquis dès les premières notes: l'évidence est là, lumineuse, aérée, dansante, parfois plus intense et plus sombre avec une diction, une sonorité parfaite, sans apprêt, qui touchent et imprègnent. On sent chez l'interprète comme un dialogue entre soi et soi, habité du regard qu'il porte sur lui-même (c'est le sens que prennent ici les effets de polyphonie, du jeu de plusieurs violons en un seul que suscite la trame de l'écriture de Bach) et l'auditeur ne cesse d' y être inclus, captivé lui-même au plein sens du terme. Le "romantisme " dont nous parle Fontanarosa, puisqu'il avance ce mot en lui donnant un autre sens que celui qu'il a d'ordinaire, n'est au fond pas autre chose que ce partage des émotions, dont Tetzlaff souligne l'importance. Un enregistrement admirable, de bout en bout, dont il faudrait alterner l'écoute avec l'autre, tant les deux miracles me paraissent se renforcer mutuellement. (Bertrand Abraham)  On ne présente plus Patrice Fontanarosa dont la carrière s’est déroulée sur les plus grandes scènes nationales et internationales. Il nous fait bénéficier ici de sa vision de l’oeuvre de Jean Sébastien Bach. Travail murement réfléchi car remis sur le métier tout au long ses concerts, dont nous ne pouvons qu’apprécier la profondeur de vue.
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