 Le deux cent cinquantième anniversaire de la naissance de Beethoven fait un peu le vide autour de lui. Pourtant il serait injuste de passer sous silence le centenaire du décès de Max Bruch, romantique indéfectiblement attaché au langage de sa jeunesse (il était né seulement cinq ans après Brahms, mais mourut vingt-trois ans plus tard, alors que le langage musical avait connu une véritable révolution pendant ces vingt-trois années). CPO a déjà enregistré de nombreux inédits du compositeur et nous propose aujourd’hui une vraie réévaluation de ses trois symphonies. On croyait depuis les intégrales de Masur et Conlon que la cause était entendue : l’orageuse et puissante deuxième avec sa structure en trois mouvements et son finale hymnique dominait les deux autres. Et voici que Trevino à la tête de l’orchestre de Bamberg, une phalange particulièrement adaptée au romantisme allemand qui descend de Mendelssohn et Schumann par sa chaude couleur harmonique réévalue la première de façon spectaculaire. En restituant un Intermezzo supprimé après les premières exécutions en 1868 comme deuxième mouvement, il donne à l’œuvre entière un autre équilibre proche de la Rhénane de Schumann et une inventivité qui fait défaut à la version plus classique en quatre mouvements qu’on connaissait jusque-là. Si la troisième, certes pleine de vie manque toujours un peu de cette originalité, la découverte de cette première restaurée n’en est pas moins majeure. En complément plusieurs préludes et extraits orchestraux rappellent le goût de Bruch pour les grandes fresques vocales, opéras comme "Hermione" et "Loreley" (dont une intégrale marquante a été gravée récemment par Stephan Blunier pour le même éditeur) ou oratorios comme "Odysseus". Un album à marquer d’une pierre blanche. (Richard Wander)  Max Bruch has never made things easy for fond listeners or performers of music; his contemporaries found him hard to handle, and so have later generations. The reason behind this has nothing to do with the superlative, worldwide renown of the first of his violin concertos (something that he did not plan for it in quite this way), or with his musical language, which had already fallen out of fashion when he died exactly a hundred years ago. Instead, Bruch himself much too quickly and all too often lost his faith in his »musical progeny« because he did not have the patience to let them mature in peace and to secure a place in the broader public consciousness. This applies to the opera Die Loreley, which offers a rewarding listening experience, as well as to his three symphonies composed between 1868 and 1882 and originally intended as a series of works forming a trilogy. However, Max Bruch set aside the third part in order to focus on dramatic and choral symphonic projects. He first wanted to write his second opera, Hermione after The Winter’s Tale by William Shakespeare, and Odysseus, his first secular oratorio. As things turned out, the spectacular long-term success of these musical pictures from antiquity meant that his original symphonic project was relegated to the back burner. However, once we experience the three sister works in their originally planned context, as the present new production enables us to do, the tide turns in their favor. The revealing path from the heroic idea underlying the first symphony, which, by the way, we are presenting for the first time in its original five-movement version, over the tragic stance of the second symphony, to the »Rhine idyll« of the third symphony leads us to the realization that this triad deserves much more credit than its meager performance figures would make us believe.

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