Bach Œuvres pour orgue Rawsthorne - ALC1704 - Petits prix - par Alto

Imprécis sur les sources qu’il présente remasterisées, ce CD réédite la plupart des enregistrements que Noel Rawsthorne consacra à Bach vers 1980. L’essentiel du programme (plages 1-10) emprunte au "Bach at Liverpool" paru en vinyle dans la collection HMV Greensleeves. L’arrangement de la cantate BWV 29 provient de "The Magnificent Liverpool Cathedral Organ", et la Toccata BWV 540 du "Organ Works Of Bach And Franck", tout cela originellement diffusé en microsillon sous étiquette Chalfont Records, pionnier de l’audiophilie numérique. Le double-album capté en juillet 1979 incluait la célèbre Passacaille en ut mineur : elle ne figure pas sur ce CD qui, a préféré l’Air BWV 1068, soutiré d’un "Organ Spectacular" (Emi, 1985) gravé à la cathédrale de Coventry. Nommé titulaire du prestigieux Willis en 1955 à vingt-cinq ans seulement, un poste qu’il conservera un quart de siècle, Rawsthorne pilotait là une des plus vastes consoles du monde. Bien sûr, une telle facture symphonique n’offre rien de très idiomatique pour aborder le Thomaskantor de Leipzig. La répartition spatiale des buffets et l’ample réverbération plaident pour des phrasés patients et réguliers, garants de l’intelligibilité, et induisent une perception grandiose : dans le fougueux BWV 565, et même dans une radieuse lecture de la Fugue en mi bémol majeur, conclue sur le fracas des anches 32’. Face à l’éclat des pleins jeux, un peu durcis par une perspective lointaine et nébuleuse, on appréciera le délicat façonnage des chorals : deux extraits des Schübler (dont un "Wachet auf" murmuré), le "O Mensch" de l’Orgelbüchlein. Ces havres liturgiques s’avèrent bien plus convaincants qu’une Sinfonia confusément ébrouée. Pour l’interprétation comme pour le son : un document vintage, témoignant de la majesté d’un orgue qui en 2026 va fêter son centenaire. (Christophe Steyne)