Bach Ein Feste Burg - Messe En Sol Wegener Allsopp Hobbs Harvey Bernius - Car83282

Les deux œuvres de ce disque sont placées sous l'égide de Martin Luther et du dogme protestant. La Messe BWV 235 (issu des quatre Messes Brèves BWV 233 - 236) dite Messe luthérienne ne conserve comme l'exigeait à l'époque la pratique du dogme protestant, que deux mouvements : le Kyrie et le Gloria. Quant à la cantate BWV 80, elle fait référence au célèbre hymne luthérien « Ein feste Burg ist unser Gott » (Notre dieu est une solide forteresse). La Messe qui comprend cinq mouvements reprend en fait de la musique de cantate déjà utilisée ailleurs. Ce qui déplut à certains musicologues (Spitta ou Schweitzer) même si le procédé était courant à l'époque. On attend toujours d'un génie qu'il se renouvelle et non qu'il recycle. Cela dit, l'interprétation qu'en fait Frieder Bernius et son équipe de Stuttgart, orchestre et solistes, est exemplaire de musicalité. Un magnifique chœur d'entrée pris dans l'urgence et somptueusement chanté (Quelle souplesse de phrasé de la part du chef !) tout comme le Gloria parsemé d'épines techniques. Les solistes sont plus ou moins satisfaisants. Peter Harvey aborde le Gratias avec une réelle émotion, L'alto (David Allsopp timbre chaud mais expression un peu raide) et le ténor (Thomas Hobbs) convainquent moins dans le Domine Fili et le Qui Tollis mais quel soutien orchestral ! Enfin un Cum Sancto Spiritu sublime de légèreté. La Cantate BWV 80 débute par un choral fugué. Dans les airs qui suivent, Bach s'empare du texte de Salomon Franck pour en illustrer avec un symbolisme musical puissant, la quintessence : la bataille des forces du bien contre le mal (L'Aria pour soprano et basse Alles was von Gott geboren). La soprano Sarah Wegener illumine ensuite son Komm in mein Herzenshaus. Bernius ne lésine pas là non plus pour vivifier les tempi et du même coup la rhétorique, aiguisant ainsi l'écoute et la compréhension de l'auditeur (Choral médian et final). Reste un beau duo fusionnel Alto Ténor. Rendons grâce à Dieu, à Bach, à Frieder Bernius, au chœur et à l'orchestre e Stuttgart et aux chanteurs... pour ce miracle discographique. (Jérôme Angouillant)