 Augusta Holmès n’avait pas sa plume dans sa poche. Reprenant l’Arioste, elle brosse Roland en héros romantique, tonnerre des batailles, délire amoureux, ce pourrait être du Musset, du Stendhal si ce n’était d’abord un empilement des poncifs de la musique de son temps, une touche de Saint-Saëns ici, un brin de Gounod, un peu de Massenet , juste assez pour masquer l’influence de son vrai Dieu : Wagner. Cela ne suffit pourtant pas pour rendre l’écoute superfétatoire, ou même distraite : elle sait soudain intéresser, une modulation, un sfumato, un coup de tonnerre montrent de quels recours son art est capable. Les poèmes nationalistes, Irlande, Pologne, tirent un peu plus à la ligne, et le "Ludus pro patria" quasi trop ! Mais "Andromède", passé sa sonnerie convenue, se révèle plein de surprises, vraie narration de la princesse éthiopienne sauvée de ses chaines par Persée, que Michael Francis dirige avec une poésie certaine, celle-là même que savait lui trouver Debussy. Et dire qu’il faut que tout cela nous vienne d’Allemagne ! (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Augusta Holmès fut une compositrice et personnalité artistique renommée à son époque. Son œuvre prolifique et variée comporte notamment des pièces symphoniques dont celles de ce programme sont parmi les plus représentatives. Un des points communs de ces compositions liées à un programme littéraire est leur qualité narrative et évocatrice. À travers des couleurs orchestrales rondement maîtrisées, un sens développé de la dramaturgie musicale et une écriture mélodique séduisante et rythmée, tantôt bucolique, martiale ou tempétueuse, chacune de ces pièces capte l’auditeur. Dans “Roland furieux” (1876), s’y développent en trois mouvements les aventures épiques du chevalier Roland et de son amour contrarié. L’orchestration luxuriante rappelle à certains moments Wagner qu’elle admirait. Les compositions au sentiment patriotique telles que “Irlande” (1881) et “Pologne” (1883) évoquant l’oppression des peuples par des puissances impérialistes alternent l’une comme l’autre épisodes triomphaux, guerriers ou folkloriques. Chaque fois un sentiment de grandeur et de puissance alterne avec des côtés populaires grâcieux et joliment menés. Inspiré par le thème mythologique d’Andromède, le style du poème symphonique éponyme (1898-99) ne déroge pas à la règle animé d’un souffle héroïque faisant tant appel au suspens qu’à l’expression glorieuse et aux grands sentiments sur fond d’expressivité wagnérienne. Une passion tendre s’exprime dans l’intermède “La nuit et l’amour” (1887) issu de l’ode symphonique “Ludus pro patria” (1887) à travers une mélodie soyeuse se déployant aux cordes colorée par la fluidité de la harpe, le charme des bois et les ponctuations des timbales. Les qualités expressives et la noblesse raffinée de la musique d’Augusta Holmès ne manque pas de séduire les mélomanes. (Laurent Mineau)  The Irish-French composer Augusta Holmès (1847-1903) is one of those female composers who knew how to overcome all hindrances with natural élan. "Like children, women have no concept of obstacles and their willpower tears down all walls," said her colleague Camille Saint-Saëns. He hit the nail on the head, as the three-movement tone poem Roland Furieux disarmingly demonstrates. Just as the strong emotions of the knight, who temporarily loses his mind in a love frenzy, so too are the surges of Holmès' orchestra, which she masters with awe-inspiring self-confidence in all its nuances. This artistry is present whether she is writing works with a national flavour or bringing mythical figures to life in song, as in the enchanting Andromède, who is saved from the "Battle of the Titans" by the loving Perseus.
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