Armin Jordan aura gravé au disque quasi tout le programme des deux concerts réunis ici mais pas forcément avec sa formation de cœur, l’Orchestre de la Suisse Romande, seul le Prélude à l’après-midi d’un faune en fait, et la comparaison avec la version de studio est instructive, le concert libérant une sensualité supérieure qui confine à l’érotisme. Mais ailleurs la palette de couleurs des genevois dore les fantaisies des Epigraphes antiques avec infiniment plus de poésie que ne le pouvaient leurs collègues bâlois, et déclenche dans le Poème de l’amour et de la mer tout un océan de sons et de sensations où plus d’une fois l’ombre de Wagner parait, métamorphosant Felicity Lott en une quasi Isolde. Elle surpasse ici de très loin, pour l’espressivo, la nostalgie, l’élan des mots, sa gravure de studio. Apport majeur à la discographie du cher Armin, la Seconde Suite de Bacchus et Ariane, rugissante et érotique, mesurée mais enivrante, où il ne cède pas à la manie qu’avait Charles Munch d’y pratiquer de brèves coupures pour en accroitre l’impact. Ici, la bacchanale impérieuse déploie son lacis hypnotique mesure à mesure. Voila comment on construit un vrai crescendo, en ne cédant jamais sur le tempo. En fouillant bien, Audite pourrait trouver d’autres Roussel, la Petite Suite, le Concert, la 3e Symphonie…. (Jean-Charles Hoffelé) The performances of the Swiss conductor Armin Jordan are characterised by a soft, supple and richly colourful orchestral sound, flexibility and warmth. He was a master of French repertoire as well as the music tradition of Central Europe, combining both traditions in his very own musical thumbprint. Released here for the first time are live recordings made in Lucerne with the Orchestre de la Suisse Romande, which experienced a golden era under Jordan’s leadership between 1985 and 1997.
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