Créé en 1988, l’Amsterdam Sinfonietta, sous la direction, depuis 1995, de la violoniste Candida Thompson s’est fait une spécialité de proposer des œuvres de musiciens d’époques, d’aires et de style différents. Ces mises en miroir peuvent générer des découvertes, d’agréables ou savantes harmoniques mais aussi des hiatus auriculaires. Un pari éditorial et esthétique. Que Brahms et Bartok aient puisé, à leur façon, une part de leurs matériaux dans les musiques populaires peut garantir à priori la cohérence du présent enregistrement mais, toutefois, ne suffit pas à démontrer une continuité musicale ni, pour paraphraser le philosophe de Trèves, que l’anatomie de Bartok soit une clé pour l’anatomie de Brahms. Franche réussite que l’interprétation du « Divertimento pour orchestre à cordes », composé en août 1939, peu avant le départ en exil de Bartok vers les Etats- unis, après la « Musique pour cordes, percussion et célesta » (1937) et le « Deuxième concerto pour violon » (1938). Rien d’un divertissement à l’imitation du concerto grosso classique mais, par subversion du modèle - Trois mouvements d’égale durée, deux allegro sur des motifs vifs ou joyeux de danses populaires encadrant un adagio sombre et funèbre, approchant parfois le silence -, une musique d’envergure moderniste, inquiète, jouant des contrastes des cordes aigues et graves, riche de tensions dramatiques et de ruptures rythmiques, expression sarcastique et désespérée, selon Friczay, du compositeur devant les menaces qui guettent l’Europe. Composé en 1890, le « Quintette à cordes en sol majeur » opus 111, à une époque heureuse de la vie du compositeur (Brahms au Prater !) est traité ici comme une véritable « symphonie pour cordes ». Cette version orchestrale, aux contours plus accusés, peut convaincre même si l’on peut préférer la simple densité et les gracieuses mélodies originales du quintette, illustrant l’esprit viennois et tzigane qui anime la partition. Deux œuvres pour cordes de musiciens majeurs dans leur maturité, aux intentions et aux climats bien différents ! A connaître. (Emilio Brentani) These two musical giants, Brahms and Bartók, are among my personal favourites, bound by their love of folk music, from which they both drew creative inspiration. For this CD recording we have once again coupled together a string orchestral work and an arrangement of a chamber music piece, similar to the concept used for our Brahms - Schoenberg, Mahler - Beethoven CDs. Bartók’s Divertimento for string orchestra is an exceptionally original work and it has been on our ‘bucket list’ to record for quite a long time, but choosing the moment when something is ‘in one’s blood’, so to speak, is not an easy decision because every time we have rehearsed and performed it we have discovered new things - it is such a mellifluously rich work! With pieces like this it is never the same journey twice. I am extremely happy we have finally put it onto a CD. Brahms’s opus 111 is a string quintet hugely loved by us all. It is not often performed by a full string orchestra and is already overpowering in its original quintet form. I fell in love with this music many years ago and spent two weeks deciphering every corner of it in a masterclass with Isaac Stern. It is a very ambitious piece to record with a large group of string players - all the intricacies of the solo voices have to be found and polished, but in my view it lends itself to becoming – dare I say it – a ‘symphony for strings’ when one approaches it with so many more players. Some of the textures seem even more glorious. However, I leave it to you ‘the listener’ to decide for yourself! (Candida Thompson)
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