Arenski Chostakovitch Trios pour piano Bellarti Trio - DUX1860 - DUX - Classique - Nos labels

La musique de ce compositeur est connue pour ses œuvres symphoniques et de musique de chambre, dominées par les "Variations sur un thème de Tchaikovski" et le superbe "Trio pour piano", op. 32. Les deux partitions occultent le reste de la production du musicien qui fut aussi l’un des enseignants moscovites les plus remarquables de son époque. Scriabine et Rachmaninov, entre autres, firent partie de sa classe. Arenski est, avec Taneiev, et avant Rachmaninov, l’un génie de la mélodie de la fin du 19e siècle. Admirablement bien enregistré, cet album s’ouvre par son Premier Trio. L’interprétation passionnée que nous offrent les interprètes de ce trio polonais mérite d’être saluée. Peu de musiciens s’engagent à ce point sans forcer les traits. Leur conception regorge de couleurs, de vivacité, d’allégresse à l’instar du scherzo. Rien de superficiel dans la liberté assumée de chaque musicien qui joue aussi bien du tempérament de l’âme slave que des influences étrangères – et notamment française - dans cette page datée de 1894. Changement radical de décor avec le Second Trio de Chostakovitch. Une œuvre, parfois, suffit à traduire les douleurs d’une époque. En 1944, le compositeur rend hommage à son ami le musicologue Ivan Sollertinski. Il s’agit d’un Tombeau, ancré dans la tradition russe du trio, celle des Tchaïkovski, Catoire et Rachmaninov. Trois "personnages" imaginaires, le piano, le violon et le violoncelle composent une mosaïque de sentiments bien plus efficacement que ne pourrait l’accomplir une formation symphonique. Le Largo, par exemple, est un modèle d’intelligence musicale, de maîtrise des timbres. Une fois encore, la remarquable captation valorise la personnalité de chaque artiste au jeu serré et d’une densité expressive rare. Peu de versions atteignent un tel niveau de réalisation au sein d’une discographie pourtant pléthorique. Un bien beau disque. (Jean Dandrésy)