 On connaît trop peu ce musicien allemand de Bade-Wurtemberg, pas davantage que ce sien opéra, et l’on a grandement tort puisqu’il connut un immense succès à sa création le 7 novembre 1798. Cet enregistrement est une première mondiale qui, sur le thème de la Tempête de Shakespeare (on retrouve Prospero, Ariel, Caliban) permet d’apprécier une écriture des plus originale, après Mozart, maître spirituel de Zumsteeg, bien près de Weber, et dont les audaces préfigurent, à mon sens, Goldmark. Plus de récitatif entre des airs lyriques, mais du lyrisme partout, de la virtuosité à foison pour tous - airs de fureur pour baryton comme pour soprano, vocalises et intervalles insidieux dans un air romantique de ténor - des « grands ensembles » amples et solennels en un enchaînement perpétuel qui donne à l’œuvre une remarquable homogénéité. Les voix ? toutes magnifiques, amples, chaudes, généreuses, mais aussi souples et aisées, témoignant - Christiane Korg, Andrea Brown - d’un souffle inépuisable et atteignant facilement les aigus aériens, les duos de voix d’hommes – Falko Hönisch, Benjamin Hulett - alliant le charme qui naît de la beauté du timbre couplée à l’art vocal bien maîtrisé. (Danielle Porte)  Frieder Bernius, chercheur de trésors musicaux notoire, a fait une nouvelle découverte : le singspiel Die Geisterinsel de Johann Rudolph Zumsteeg (1760–1802), compositeur de la chapelle royale de Wurtemberg, est un petit joyau injustement tombé dans l'oubli. Créé en 1798 à Stuttgart, l'opéra en trois actes d'après “la Tempête“ de Shakespeare connut en son temps un immense succès. Et ce n'est pas étonnant : proche de la Flûte enchantée de Mozart, ce singspiel réunit tous les ingrédients du genre : un grand ensemble, des airs impressionnants, des chœurs originaux et contrastants ainsi que de longues scènes finales. Son instrumentation variée est également intéressante, notamment l'emploi soliste des bois. Cet enregistrement permet non seulement de compléter notre connaissance de l'opéra pré-romantique, il nous fait surtout redécouvrir un compositeur que beaucoup de ses contemporains n'hésitaient pas à qualifier de “Mozart souabe“.
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