Iannis Xenakis (1922-2001)
Intégrale des quatuors à cordes

The Jack Quartet

Iannis Xenakis (1922-2001) et les cordes, c’est une histoire privilégiée, d’une centaine de pièces, pour différentes formations, (de chambre ou d’orchestre), au long de laquelle il s’attache à sonder les instruments, à en perquisitionner les réserves insoupçonnées, au point d’en redéfinir l’étendue des sonorités. Ses quatre quatuors à cordes illustrent cette traque méthodique et analytique du son et des techniques de jeu, appuyée par sa formation en architecture et ses connaissances en ingénierie : chez lui, le glissando passe du statut d’effet plus ou moins contrôlé à celui d’élément constitutif de la musique et le vibrato, maîtrisé voire évincé, concourt à la netteté du son – comme quand on se concentre sur l’essentiel. Le calcul (la probabilité, l’algorithme, l’informatique) chez Xenakis est une composante essentielle de l’écriture (d’une musique « stochastique ») ; il est à la base du premier quatuor, ST-4, qui, en 1962, découle directement de ST-10, issu de ses travaux sur l’ordinateur d’IBM-France : les parties de la pièce pour quatuor à cordes seul en sont extraites et les autres passages sont transcrits ; le résultat est dense, pointilliste, né d’un processus abstrait et en même temps spontanément animal – terriblement novateur. Plus de vingt ans plus tard, Tetras renouvelle encore le genre, où la majorité des textures sonores sont le fait des quatre instruments traités comme une entité en soi. Epoustouflant. (Bernard Vincken)