Charles-Marie Widor (1844-1937)
Symphonie pour orgue n° 5 en fa mineur, op. 42/1

Louis Vierne (1870-1937)
Symphonie pour orgue n° 3 en fa dièse mineur, op. 28

Johann Sebastian Bach (1685-1750)
"Schafe können sicher weiden", BWV 208

Iveta Apkalna, orgue

Fleurons de la fin du XIX° s. et du premier tiers du XX° s., les Symphonies pour orgue de Widor et de Vierne (morts tous les deux la même année : 1937) sont rarement jouées en concert. Par contre, celles de Widor connaissent d’excellents enregistrements : citons entre autres ceux de P. Pincemaille (Solstice), O. Latry (BNL) et Ben van Oosten (Kelindo, DG) qui ont comme premier atout de faire entendre les plus beaux Cavaillé-Coll français. De son côté, l’organiste lettone Iveta Apkalna, qui voue, dit-elle, « une passion personnelle pour ces œuvres » voulait à tout prix les enregistrer « sur le plus grand orgue des pays asiatiques » (127 jeux et plus de 9.000 tuyaux) de l’immense salle de concerts de Taiwan (orgue de Klais, qu’elle inaugura elle-même en 2018). La présence de tels orgues dans des salles de concerts est peut-être justifiée, mais l’acoustique mate peut décevoir : on est loin de l’ambiance sonore des vaisseaux de Notre-Dame de Paris ou de Saint-Sulpice. Quant à l’interprétation enfiévrée de ces pages, elle pourra plaire à certains auditeurs ; mais, à mon goût, y manquent une certaine « grandeur », ainsi que le sens de la respiration. Bizarrement, le CD se clôt par l’arrangement anonyme de l’Aria de la Cantate BWV 208 de J.-S. Bach, dont l’interprète se dit « entichée » mais qui est à la fois fort éloignée de l’esprit baroque du Cantor comme de l’esprit symphonique de Widor et Vierne… (Jean-Paul Lécot)