 Turin devait voir cette "Nymphe fidèle", mais les censeurs lombards en décidèrent autrement, forçant Vivadi et Maffei à remettre l’œuvre sur le métier douze ans plus tard pour Vérone. Cette version retardée -et raccourcie drastiquement par l’édition moderne - sera celle enregistrée dès les années soixante, révélant le talent dramatique de Vivaldi dans ce qu’il avait de plus convenu, et éloignant pour quelques décennies encore la redécouverte de son foisonnant catalogue lyrique. Finalement, les archives du Piemont révélèrent la version de Vérone in extenso, immédiatement gravée pour l’Edition Vivaldi de Naïve par une distribution fastueuse sous la baguette un rien fulminante de Jean-Christophe Spinosi, fête en technicolor que la nouvelle proposition pourtant passée par la scène, de la vaillante équipe menée par Chiara Cattani ne saurait concurrencer alors même qu’elle offre le projet turinois initial : Junon et Eole ne sont pas encore de la partie. Alors au moins l’Osmino soigné de Nicolo Balducci, bien plus en voix ici que dans une récente "Arsilda", mais surtout la belle Licari de Chelsea Zurflüh valent d’être entendus, et à mesure la soirée s’anime, sans luxe, mais toujours si musicale, rendant le premier visage, encore tout adolescent, de cette œuvre malmenée. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) L'opéra "La nymphe fidèle", en trois actes, d’Antonio Vivaldi sur un livret pastoral du marquis Francesco Scipione Maffei, fut créé en 1732 pour l'inauguration du Teatro Filarmonico de Vérone, qui avait été retardée pour des raisons politiques. Pour nombre d'amateurs de Vivaldi, c'est un de ses plus beaux opéras ; pour la musique s'entend, parce que l'intrigue pastorale est conventionnelle et tarabiscotée, avec confusion d'identités, redécouvertes, quiproquos, dévoilements, chassés-croisés amoureux... La scène se déroule dans les Cyclades, région chère aux Vénitiens, entre Naxos et Scyros, et donne lieu à une opposition entre des "méchants" qui ressemblent fort à des Ottomans, et des "gentils", qui semblent de bons chrétiens civilisés. A l'inverse du scénario, le découpage dramatico-musical des scènes est bien caractérisé, et chaque moment se présente comme une unité, un élément de sens efficace. Chaque personnage se voit confier, dans chacun des genres (parlé, pathétique, virtuose...), une partie qui le met en valeur. Les ensembles vocaux, la plupart à grand effet, sont d'une grande difficulté d'exécution. Airs espiègles, tendres ou graves, duos, ensembles, font montre d'une écriture novatrice abandonnant parfois la tradition baroque ou le style international pour un style galant, voire préclassique. La direction depuis le clavecin de Chiara Cattani (une lointaine descendante, peut-être, du chorégraphe de la création en 1732 ?) pleine de couleur et de caractère, donne à la partition un souffle dramatique. Dans une distribution remarquable, homogène et de haut niveau, il faut pourtant accorder une mention particulière à la jeune soprano suisse Chelsea Zurflüh, émouvante dans le rôle principal de Lycoris, particulièrement dans les arie "Alma oppressa da sorte crudele" et "Amor mio, la cruda sorte". Une belle réussite. (Marc Galand) In August 2023, the Innsbruck Early Music Festival featured a performance of a Baroque jewel, the three-act opera La fida ninfa (The faithful nymph), which Antonio Vivaldi premiered on 6 January 1732 in Verona and presented in Vienna on 5 January 1737. The storyline of the work is "typical". There is an evil pirate and a kidnapper, two brothers who were abducted separately, and two young girls and their father – who all tussle about on the isle of Naxos until a happy end is achieved. A great deal of confusion is a matter of course, but the awe-inspiring musical qualities of this work are far greater. The solos and ensemble pieces are of such variety and beauty that the reservations occasionally expressed about high baroque opera are completely unfounded. Here one literally longs for the repeat of the da capo arias with a silent ‘sing it again’...
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