Suite de la série des enregistrements en première-mondiale des œuvres pour piano de notre compatriote Vincent d’Indy, révélées pour la première fois au mélomane contemporain par l’infatigable chercheur de trésors cachés, Michael Schäfer, un allemand à Paris !  Lorsque passé cinquante ans Vincent D’Indy s’attelle en 1908 à la composition de sa Grande Sonate, qu’il considérera toujours comme son opus magnum, son langage s’était libéré de toute école. Cette vaste structure tripartite, d’une durée qui excède les quarante minutes, n’a en France qu’un antécédent directe, la Sonate en mi bémol de Dukas, née avec le siècle. Comme Dukas, D’Indy regarde d’abord vers Beethoven, et surtout invoque l’esprit de la Sonate Hammerklavier dés son exorde tempétueux. Deux vastes mouvements alternant méditations et gestes dramatiques, encadrent un étonnant scherzo avec deux trios où l’écriture en accord est abandonnée au profit de formules plus ornées, musique lumineuse où passent des échos baroquisant et qui développe une guirlande d’idées dansantes. / Admirable partition qui effraye les pianistes autant par sa hauteur de vue que par ses nombreuses difficultés (elle demeure assez insaisissable pour la mémoire, notamment). Avec son aplomb coutumier, Michael Schäffer en délivre une interprétation éclairante, bannissant le pathos, dévoilant les structures. Il a finement couplée l’œuvre avec le premier opus dont D’Indy se soit déclaré satisfait, la Petite Sonate op. 9, et une partition de la grande maturité, la Fantaisie sur un vieil air de Ronde française op. 99 (1931), d’une ébouriffante jeunesse, d’une imagination harmonique étonnante. L’art libre d’un maître y rayonne (Discophilia, Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé)

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