La pianiste et claveciniste italienne Miriam Maria Di Pasquale Baumann a développé un intérêt et même une passion toute particulière pour les musiques d’Amérique Centrale et d’Amérique du Sud. Ayant promu au disque et au concert des œuvres de Mignone, Guarnieri, Gustavino, Nazareth, Santoro, Nobre, il était naturel qu’elle consacrât un enregistrement au prolifique Heitor Villa-Lobos, dont l’histoire de la musique garde le souvenir d’un compositeur ayant voulu réconcilier la musique européenne savante héritée de J.S. Bach et les richesses de la musique populaire de son Brésil natal. Le programme présenté ici expose à merveille, et souvent avec un réel talent, différentes facettes de cet art. La Bachiana Brasileiras n°4 (1930-1939) illustre parfaitement l’empreinte exercée par la musique baroque sur la tradition folklorique brésilienne, notamment dans son second mouvement — Canto do Sertão — qui superpose le cri métallique en Si mineur de l’araponga, oiseau traditionnel de la région, à un choral composé dans l’esprit de ceux de Bach. Le Choro n° 5 (1925), avec ses syncopes, sa polyrythmie tout autant pratiquée par Darius Mihaud, et ses ostinatos sut séduire Aline van Barentzen, Arthur Rubinstein. Un aspect moins connu des techniques de compositions pratiquées par Villa-Lobos — la millimétrisation — est illustré par New York Skyline (1939), qui résulte de l’application d’une feuille de papier millimétré sur une image ou une photo quelconque — en l’occurrence les gratte-ciel new yorkais — ce qui permet d’affecter des hauteurs et des durées différentes à des notes définies par l’entrecroisement des lignes verticales et horizontales. Mais, évidemment, le Brésil c’est aussi la nostalgie des Saudades (1927)et la sensualité de Valses (1932) à l’indicible magnétisme. Les quatre Pièces du cycle Brasileiro (1937), illustrant chacune un aspect différent de la musique brésilienne, concluent ici un intéressant survol de la production pianistique de Villa-Lobos. (Jacques-Philippe Saint-Gerand) Brazil is not only coff ee, football, carnival, toucans and parrots. There is another, parallel world, which is also colorful and, moreover, culturally refi ned: the world of music, most of which is still unknown to Europeans. Indeed, this album is part of a piano project dedicated to the rediscovery and dissemination of classical Brazilian composers who worked between the mid-19th and mid-20th centuries. The aim is to emphasise and enhance the universal characteristics of mixture and cultural heritage, erasing the distance between the music and the listener: in order to do this, we decided to start with the man who is considered the greatest Brazilian musician, Villa-Lobos: a prolifi c composer, multi-instrumentalist and himself a promoter of renewal.
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