La guitariste Gaëlle Solal a fait ses études musicales à Marseille auprès de René Bartoli puis à Paris avec Roland Dyens. Elle suit depuis une carrière internationale mais a pris tout de même le temps d'enregistrer deux albums. On la sait enjouée comme le montre la superbe photo de pochette mais aussi curieuse de répertoires nouveaux. Ce nouveau disque intitulé Tuhu (surnom donné à Villa-Lobos par sa mère) est une invitation au Brésil, son art de vivre, sa tradition. Du padre Heitor, quelques extraits de la Suite Populaire Brésilienne et le célèbre Choros n°1, ici formidablement exécuté, montre la profonde accointance de l'interprète pour son compositeur fétiche qu'elle avait déjà enregistré à plusieurs reprises. Assez souple sur les tempi, la guitariste privilégie la sensualité du toucher et des cordes. Elle complète judicieusement son programme avec quelques compositeurs satellites de Villa. Ernesto Nazareth (son brejeiro danse traditionnelle plutôt espiègle fait écho au choros de VL), Guinga et Anibal A Sardinia Garoto. Très beau Choro de Pixinguinha un grand musicien brésilien méconnu auquel il est bon de rendre un si tendre hommage. Enfin aux confins du flamenco et de la bossa nova, L'Agua e vinho du maître Egberto Gismonti étrangement retenu, et le plus classique Chora coracao d'Antonio Carlos Jobim. Gaëlle n'oublie pas non plus d'inscrire quelques compositions de son cher professeur et ami Roland Dyens, dont ce Tuhu qui donne son nom à l'album et la belle troisième Saudade, hommage de ce dernier au Brésil « son pays d'adoption ». Un disque évasion indispensable en ces temps de morosité ambiante. (Jérôme Angouillant)