 Travel Diaries se veut un journal de bord musical des dix années écoulées à découvrir, choisir, travailler, répéter et interpréter des œuvres qui ont porté le quatuor munichois sur les scènes internationales – avec un certain succès, reconnu par plusieurs distinctions. Le disque ouvre sur Divorce, au premier mouvement sauvage, du pianiste et compositeur turc Fazil Say (1970-), pièce aux émotions contradictoires mais toutes intenses, qui raconte l’expérience de la séparation et de l’échec d’une relation. D’humeur… flamboyante, The Smile of the Flamboyant Wings, de la bulgare installée à Londres Dobrinka Tabakova (1980-), transporte par ses gestes amples et éclatants, magnifiés par les mains d’un quatuor expert dans l’art d’en détailler la profusion. Avec le Quatuor à Cordes n°4 de l’Allemand Wolgang Rihm (1952-), celui-là même qui, en matière de tradition, se targue de, non pas « conserver les cendres, mais perpétuer la braise », le Goldmund Quartet bouleverse l’atmosphère : les cordes, ici, trépident, sifflent, suent, se rebellent, entre turbulence juvénile et révolte mature. Née en Serbie puis émigrée au Canada, Ana Sokolovic (1968-) s’inspire des personnages du théâtre d’improvisation italien pour sa Commedia Dell’arte, au son coloré et aux rythmes asymétriques ancrés dans le folklore des Balkans. C’est avec une rare puissance qu’Aheym, de l’américain Bryce Dessner (1976-) écrit le mot « fin » de ces carnets de voyage, à la sélection aussi diverse qu’attachante. (Bernard Vincken)

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