 En dépit d'un volumineux catalogue abordant des genres variés (Fugues, Rondos, Etudes, Marches, Danses, Polkas, Nocturnes, Feuillets d'album...) et constitué pour l'essentiel de miniatures originales et attrayantes où abondent trouvailles, jeux d'écriture et emprunts directs au folklore, l'œuvre pour piano de Smetana demeure largement méconnue au regard de la notoriété dont jouissent ses pages orchestrales, au premier rang desquelles figure la célèbre Moldau. Issu de l'intégrale entreprise par la pianiste tchèque Jitka Cechová qui maîtrise parfaitement ce répertoire, ce double album explore les années 1845/46, période de formation et de recherches dont émerge toutefois un étonnant sommet : l'unique Sonate en sol, seule composition pianistique de vaste dimension de Smetana et surtout exceptionnelle réussite d'un musicien de vingt-deux ans. Ambitieuse et pleine de panache, d'une grande complexité rythmique et déployant une large palette sonore, elle se distingue notamment par son merveilleux adagio qui en faisant varier deux thèmes admirables, mystérieux et chantants évoque irrésistiblement Schubert, et son magnifique finale, fantasque et frénétique course à l'abîme dont le thème principal sera repris dans le Trio pour piano, violon et violoncelle. D'inspiration plus inégale, les autres pièces qui complètent ce programme réservent cependant ici et là d'agréables surprises et découvertes, mais la Sonate, si incompréhensiblement absente de la discographie, justifie à elle seule l'acquisition de ces deux CD. (Alexis Brodsky)

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