Franz Schubert (1797-1828)
Symphonie n° 1 en ré majeur, D 82
Symphonie n° 2 en si bémol majeur, D 125
Symphonie n° 3 en ré majeur, D 200
Symphonie n° 4 en ut mineur "Tragique", D 417
Symphonie n° 5 en si bémol majeur, D 485
Symphonie n° 6 en ut majeur, D 589 "La Petite"
Symphonie n° 7 en mi majeur, D 729
Symphonie n° 8 en si mineur, D 759 "Inachevée"
Symphonie n° 9 en ut majeur, D 944 "La Grande"
Symphonie n° 10 en ré majeur, D 936A
Musique de Scène de la Pièce "Rosamunde, Princess of Cyprus", D 797

Ileana Cotrubas, soprano
Rundfunkchor Leipzig
Horst Neumann, direction
Staatskapelle Dresden
Herbert Blomstedt, direction
Willi Boskovsky, direction

Une des plus belles sommes symphoniques schubertiennes rééditée. Homme discret et plutôt effacé, H. Blomstedt a une hauteur de vues, une distinction qui forcent l'admiration. Une rare cohérence, une sûreté et une constance remarquables. Il a connu de 1975 à 1985, avec la Staatskapelle, une des périodes les plus fructueuses de sa carrière, en dirigeant non seulement Schubert, mais aussi Strauss et Beethoven. Il rend ici admirablement justice aux premières symphonies de Schubert, longtemps écrasées par l'ombre de Beethoven, dédaignées jusqu'à fin du XIXe, voire assimilées à des œuvres de chambre passéistes. Les bonheurs prodigués ici sont pourtant innombrables : andante et menuet de la 2e symphonie d'une finesse, d'une distinction, d’un équilibre extraordinaire (sublime hautbois notamment dans le menuet). Travail de marqueterie sonore parfait. Entrain plein de malice, d'espièglerie dans le presto vivace. Timbres d'une splendeur presque impalpable dans le premier mouvement de la 3e. Le dramatisme du début de la 4e semble d'autant plus inéluctable qu'il est très ingénieusement instillé. Cinquième symphonie franche, énergique, fraîche. Au début de l'Inachevée âpreté et douceur procèdent et se nourrissent l'une de l'autre tout autant qu'elles s'équilibrent, se succèdent et s'opposent, dans une respiration suffisamment large qui sublime et quintessencie le son. Le rythme adopté au début de la 9e permet aux détails de s'exprimer sans trop peser pour autant : lisibilité, clarté, là encore exemplaires. Scherzo particulièrement incisif et enlevé. Magnifique étagement des sonorités, des timbres et des intensités dans un finale vibrant et implacable. Magistral. (Bertrand Abraham)