Franz Schubert (1797-1828)
Die schöne Müllerin (La belle meunière), D795 (version pour ténor et ensemble de chambre de Andreas N. Tarkmann)

Klaus Florian Vogt, ténor
Ensemble Acht

On n’attendait plus le ténor allemand dans ce répertoire auquel son intelligence et ses moyens vocaux le prédestinaient. Suivant une mode contestable mais désormais bien établie, le piano est remplacé par un ensemble instrumental (quatuor à cordes, contrebasse, cor, basson, clarinette). Dans les meilleurs moments, on se croirait à Grinzing face à un orchestre de Heuriger, dans les pires au Kurpark de Garmich-Partenkirchen, écoutant l’harmonie municipale. Si la noyade attendra le dernier Lied pour le petit meunier, elle intervient dès le début pour le soliste, couvert par des instruments enregistrés trop en avant, et il faut tendre l’oreille pour apprécier les trouvailles interprétatives de Klaus-Florian Vogt. Seuls les Lieder les plus méditatifs, où les vents se font discrets au profit des cordes, résistent à cette revisite. L’auteur de cet arrangement semble avoir oublié l’importance des motifs aquatiques - escamotés par sa transcription - qui confèrent au cycle son originalité et une part de mystère. On n’en dira pas autant du Voyage d’Hiver, mais pour la Belle Meunière, un piano est nécessaire et suffisant. De l’indémodable Gerald Moore au génial Ammiel Bushakevitz en passant par le visionnaire Aribert Reimann, la discographie en témoigne assez. Ici, d’excellents musiciens se fourvoient, dommage ! (Olivier Gutierrez)

Franz Schubert's Fair Maid of the Mill as a premiere recording? Anyone who makes this claim on the international record market would inevitably be confronted with a storm of outrage. Unless, of course, the release announced as a world premiere has something unprecedented to offer – and the present CD production certainly does. Instead of the original version for voice and piano, which has been performed countless times, cpo offers a new, thoroughly successful rendering. The accompaniment, if the instrumental part can be called that at all, is played by the highly successful octet Ensemble acht. Star tenor Klaus Florian Vogt sings the twenty moods of the enamoured miller, who in the end drowns himself due to his despair... The expanded sound palette is the work of the accomplished and insightful arranger and composer Andreas N. Tarkmann, who has illuminated the romantic nuances of the colourful piano part with an almost poignant feeling for poetic drama. A world premiere!