![](images/spacer.gif) Lorsque Samuel Scheidt (Halle-sur-Salle, Magdebourg, 1587 – Halle, 1654) publie en 1635 ce charmant bouquet de douze chorals « Liebliche Krafft-Blümlein », des psaumes issus de la Bible de Luther, sa situation n'est pas brillante : Dans les pays germaniques ravagés par la Guerre de Trente Ans, la maison princière qui l'employait a été dissoute ; il a perdu en 1630 son poste de directeur musical de l'église principale de Halle, la Marienkirche ; les musiciens doivent composer avec la disparition de nombreux chanteurs et instrumentistes; pour nourrir ses sept enfants, dont quatre vont bientôt mourir de la peste, il ne peut vivre que de la vente de ses « Concerts spirituels ». Et pourtant, de sa musique émane un optimisme serein, fondé sur une foi solide. C'est de ce paisible et mélodieux dialogue que nous régalent la soprano Marie Louise Werneburg et le ténor Daniel Johannsen, accompagnés par le petit effectif d'instruments sopranos du Collegium Instrumentale de la cathédrale Saint-Gallen, dirigé depuis l'orgue positif par Michael Wersin. Issu d'une famille de musiciens, Scheidt a assuré dès 1603 le service d'organiste à l'église Saint-Maurice de Halle, en Allemagne orientale. Puis, à Amsterdam, jusqu'en 1608, il se perfectionne en orgue et en clavecin auprès du grand maître Jan Pieterszoon Sweelinck, qui lui transmet la science du contrepoint et le riche héritage musical néerlandais. Revenu à Halle comme maître de chapelle de la cour, il collabore avec Michael Praetorius et Heinrich Schütz. Il se présente lui-même comme le conservateur des anciennes règles de composition, mais il est ouvert aux influences italiennes, comme en témoignent son jeu concertant, l'union ou le contraste entre les voix et les parties instrumentales obligées, les formes de chant ornées, l'expression imagée de mots. Il occupe donc une place particulière parmi les trois « Sch » (avec Schein et Schütz) du premier baroque allemand, qui inspireront tous les compositeurs germaniques ultérieurs, jusqu'à Bach. C'est donc un album indispensable et très plaisant d'inédits qui nous est ici offert. (Marc Galand) ![](images/spacer.gif) Samuel Scheidt, who was born in Halle an der Saale in 1587 and died there in 1654, is one of the most well-known composers of the early Baroque (he is always mentioned as one of the "three great Sch" along with Schütz and Schein). With his numerous surviving works, however, he is not very present in contemporary concert life. As a cycle, his "Lieblichen Krafft-Blümlein" are a world premiere recording. Most of the individual pieces have also never been recorded before. The collection consists of a total of twelve continuo-accompanied duets on texts largely composed from biblical words. The sparse instrumentation, which completely dispenses with the use of treble instruments to supplement the vocal parts, makes the pieces at first glance seem less than spectacular. But appearances are deceptive: Scheidt knows how to direct the listener's attention to the varied dialogue between the two vocal voices, which are not only simply accompanied by the continuo instruments, but are also effectively supported in their text-affine actions and repeatedly commented on motivically.
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