 Enregistré en 1996 par le Quintette Pihtipudas, une formation finlandaise, ce disque réunit deux quintettes avec piano russes. L’œuvre d’Anton Rubinstein, fondateur du Conservatoire de Moscou, professeur de Tchaikovski est considérable (plus de 150 partitions), mais hélas encore mal-connue. Dans sa musique de chambre, l’influence des compositeurs allemands est notable. C’est le cas du Quintette avec piano daté de 1876 dont l’ombre de Schumann est persistante. Cette page est d’importance autant par sa durée (trois-quarts d’heure) que par l’intensité d’une écriture plus souvent concertante sinon symphonique. Les interprètes en assurent une lecture à la fois puissante, narrative et d’une grande clarté. En effet, ils ont une conception achevée des grandes phrases, des thèmes qui s’imbriquent et créent une unité d’ensemble. Elle n’est pas sans rappeler la structure du Quintette de César Franck. Cette version à nouveau disponible d’une œuvre peu enregistrée devrait, on l’espère, donner quelques idées à des ensembles actuels… Infiniment plus programmé, le Quintette de Chostakovitch nous est proposé dans une version tout à fait convaincante. C’est à la demande du Quatuor Beethoven, prestigieux ensemble créée en 1923 et destiné à porter "la voix" du Conservatoire de Moscou, que Chostakovitch composa son Quintette. Composée en 1940, la partition vit le jour grâce aux musiciens du Quatuor Beethoven. En effet, ils avaient convaincu le compositeur de revenir à l’écriture pour le clavier, qu’il avait abandonnée depuis plusieurs années. Pour cette œuvre, Chostakovitch reçut le Prix d’Etat Staline de Première classe dont il offrit le gain (substantiel) à des musiciens nécessiteux ! Dans les deux premiers mouvements Chostakovitch rend autant hommage à l’écriture européenne classique qu’à l’harmonie slave. L’Intermezzo qui est la partie la plus sombre et introvertie de l’ouvrage exprime un sentiment de solitude sur une basse obstinée. Cette page définit parfaitement la qualité de l’interprétation, à la fois pudique et d’une grande clarté. (Jean Dandrésy)  Pihtipudas Kvintetti porte son nom d’après une communauté du nord de la Finlande qui organise depuis 1982 des journées culturelles, comportant des concerts et des cours de musique de chambre. Le violoniste berlinois Götz Bernau, premier violon de l’ensemble, est l’un des fondateurs et depuis 1985 il est président de cette «Kultuuripäivät». Tous les membres de l’ensemble qui a été fondé en 1987 sont musiciens, professeurs d’université ou chefs d’orchestre et donnent également des cours lors du festival «Kultuuripäivät». A la différence des quatuors à cordes habituels, qui se produisent avec la participation occasionnelle d’un pianiste pour jouer les quintettes pour piano, le Pihtipudas Kvintetti se consacre uniquement à la littérature écrite pour cette formation instrumentale. Au cours de ces concerts en Finlande, en Allemagne et dans d’autres pays d’Europe, le quintette joue, à côté des œuvres classiques, des œuvres inédites et oubliées. Leur répertoire compte aujourd’hui des œuvres de Bruch, Borodin, Ives, Elgar, Saint-Saëns, Bloch, Beach et de divers compositeurs scandinaves.

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