Rééditeur, Brilliant est aussi authentique éditeur, nous révèlant bien des choses intéressantes, venant notamment de l'autre côté des Alpes, et pas seulement dans le baroque. Or, justement, l'unité italienne a suscité un mouvement de fierté et de créativité nationale, à commencer par un Sgambati, professeur du présent musicien, et qui n'est pas seulement l'arrangeur de la fameuse plainte d'Orphée (Gluck)! Quant à ce Caetani, prénom Roffredo, compositeur et mécène, il était prince de Bassiano, duc de Sermoneta, ce qui pose davantage son homme que ce petit banlieusard aux cols élimés qui proclamait s'appeler Eric Satie ''comme tout le monde'', non? Parmi pas mal d'autres, il a surtout prolongé le romantisme allemand. Sans oublier que Liszt était aussi un ami de la famille, une famille romaine donc très connue et de haute noblesse (avec ses cardinaux et ses politiciens) : Roffredo fut même son filleul. Qui vécut aussi à Paris, où il fréquenta un monde assez proustien via la comtesse Greffulhe, inspiratrice littéraire de la duchesse de Guermantes et qui, elle, s'appelait en réalité Marie-Joséphine Anatole-Louise-Elisabeth de Riquet de Caraman-Chimay, comme presque tout le monde (pas vous, chère lectrice?). D'où ce premier quatuor (de jeunesse) qui défile en un seul mouvement, comme la grande sonate lisztienne. S'y pelotonne quelque ambiance complaintive, toujours sur le mode mineur, où la musique n'a pas l'air de croire en son bonheur, et manque peut-être un peu d'articulations bien charpentées. L'autre quatuor, lui, ne dépassant pas les trois mouvements, comporte un lento central où la méditation se fait joliment profonde. Après quoi nos jeunes interprètes auraient dû tisonner un peu plus le final, car c'est un presto. Pour conclure, dommage que Caetani ait été davantage connu à l'étranger qu'en Italie, du fait que son intégrité et sa finesse ont privilégié la musique de chambre. Alors, notre bénédiction urbi et orbi! (Gilles-Daniel Percet) In a series of first recordings, Brilliant Classics has explored the rich culture of non-operatic music in Italy during the late- Romantic era and the first decades of the last century. Particular attention has been given to the flourishing traditions of instrumental and chamber music, with recent releases not only of well-known names such as Respighi (BC94445), Martucci (BC94816 and a brand-new release of piano trios, BC94968) and Nino Rota (BC95237), but less familiar, often no less inspired composers such as Antonio Bazzini (BC95030), Ildebrando Pizzetti (BC9202) and Guido Fano (BC95353). Among these lesser lights must be counted Roffredo Caetani (1871-1961). A Brilliant Classics release of his piano music (BC94909) has already disclosed an effusively lyrical, unashamedly Romantic voice working in the post-Lisztian tradition regardless of musical upheavals and revolutions around him. Caetani had more reason than most for his reactionary temperament, as godson to Liszt himself. The Hungarian composer recognized the young Roman’s talent and entrusted it to his friend Giovanni Sgambati for further instruction and refinement. The Op.1 No.1 Quartet on this release was one of the first products of Caetani’s student years, composed when he was just 17 years old, but distinguished by a precocious mastery of the genre, as contemporary critics were not slow to recognize. The quartet is cast in a single, wide-ranging span: an innovative structure for the time, if in its way the writing is unmistakably indebted to the example of Beethoven. Twenty years later, Caetani returned to the quartet genre once more with his Op.12 in F minor: a three-movement work of considerably greater breadth in both its themes and development. The disc also marks the debut on Brilliant Classics of one of the UK’s most promising young ensembles, the Alauda Quartet. This international group gathered as students at the Royal Academy of Music in London and now perform across Europe in concert series and festivals.
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