 Mélomanes, attention, ce disque requiert de votre part une certaine disponibilité émotionnelle. Loin des poèmes symphoniques romains, nous retrouvons ici un Respighi austère, exigeant. / Programmatique, son arrangement du Lamento d'Ariane ouvre le récital. Le compositeur répond à son lointain devancier avec E se un giorno tornasse, et les six mélodies de 1909, qui disent la douleur de l'abandon et l'attente résignée de la mort, et nous préparent au plus essentiel de ce programme, une courte mélodie traditionnelle sarde. Entre extrême dépouillement et candeur populaire, nous touchons là le fond de la détresse humaine. La légèreté et la fraîcheur bucolique des Sei Liriche apportent une détente bienvenue. Le récital se clôt sur la mélancolie discrète des Quatre Mélodies écossaises. / "Liriche da Camera". Le sous-titre de ce disque le dit assez, une telle variété d'affects et d'émotions requiert une authentique voix d'opéra, qui sache se plier à l'intimité de la mélodie. Monica Bacelli, familière de Mozart et de Rossini, du répertoire baroque comme de la musique contemporaine, déploie un timbre charnu et coloré, un vibrato corsé, qu'Aldo Orvieto habille des couleurs sombres et chaudes de son Fazioli. / Un disque intelligent, prenant, auquel on reviendra soigner ses bleus à l'âme. Chose rare aujourd'hui, l'éditeur nous offre les textes des mélodies, ce qui est bienvenu quand les poètes s'appellent Hugo, Maeterlinck, D'annunzio ou Shelley. (Olivier Gutierrez)

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