 Tresser des couronnes de lauriers n’est pas en général une occupation répétitive. Elle s’applique plutôt à marquer l’importance et la valeur d’un haut fait. La redécouverte de l’œuvre discrète de René de Boisdeffre grâce aux bons soins du label Acte Préalable est indiscutablement un de ces faits majeurs et mérite d’être de nouveau soulignée à l’occasion de ce 17e volume, qui met à l’honneur son œuvre pour piano et l’incontestable talent de ses dévoués interprètes. La Suite pour Piano à quatre mains op. 44 (1895) se caractérise par le caractère délicatement dansant de ses quatre mouvements, Prélude, Air de Ballet, Orientale, Valse. Le Scherzo-Sérénade pour deux pianos op. 9 (1873) témoigne pour sa part d’une vitalité entrainante quasi-symphonique. Les deux recueils de Romances sans paroles (1866) se placent naturellement sous l’égide mendelssohnienne à laquelle ils apportent une touche plus méditative. Les Deux Pièces op.7 (1868), déclamatoires et virtuoses, sont pertinemment dédiées à Saint-Saëns, tandis que les Douze Morceaux de genre pour piano op. 38 (1904), au-delà du modèle des Six Romances pour piano de Gounod (1849-1863) font percevoir l’admiration de Boisdeffre pour Massenet. Avec des pièces telles que l’Air de Ballet, Orientale, Villanelle ou Pierrette, il est troublant d’imaginer l’inspiration qu’une Cécile Chaminade (1857-1944) pourrait avoir trouvé dans l’œuvre de Boisdeffre. Originalité de ce disque, la charmeuse Sérénade champêtre op. 52 « Au bord d’un ruisseau » (1898) est donnée ici dans sa version originale pour piano et dans une transcription pour orgue (1919) de Gottfried Harrison Federlein qui entoure la fluidité mélodique du ruisseau des ombres d’une forêt mystérieuse. Le grand talent d’Anna Mikolon, en fine et virtuose musicienne, soutenu par Rafal Lewandowski et Stanislaw Maryjewski, met pleinement en valeur les qualités de ces œuvres qui méritent pleinement d’être connues et reconnues. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)  René de Boisdeffre is a neglected composer from the second half of the 19th century, even if during his lifetime he enjoyed considerable success. The composer studied music regularly but not at a school. After learning the fundamentals of music in a family setting, René became the student of Charles Wagner. Succeeded by Wagner was Auguste Barbereau, who was restrained by his conservative stance but an excellent musical theorist. After a meeting with Saint-Saëns in 1862, Boisdeffre abandoned his second teacher and began an independent career. Even if his music owes much to a familiarity and understanding of the classics, it would be inaccurate and hasty to call his music conservative, with all the negative connotations the term inevitably brings with it. Such facile and hasty judgements are disputable; unjustified because in reality Boisdeffre, is a mature, coherent product of his milieu. Boisdeffre chose a path that passes not from experimentalism, but from expressive clarity. His melodic vein, never banal, is characterized by a great transparency, and declares an undeniable inclination to communicative clarity. It is a music made of cleanliness and order, but not for this ‘easy’: the expressive substance is always urgent and present but distilled in formal paths, clear, reassured. The economy of the adopted means therefore seems to be an elective choice, not the indication of a lack of resources, and allows the composer to turn to his listener with grace, in a gathering, interlocutory, lovable dimension. (...)

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