 Les Sonates, les transcriptions de ballets ? Evgenia Rubinova préfère dans le piano de Prokofiev le rare pour mieux nous surprendre. Comme Tatiana Nikolayeva qui les jouait toutes où à l’unité, elle ouvre son précieux album avec les Dix Pièces op. 12, où tout le jeune Prokofiev vient ébrouer son clavier, qui alors était son principal gagne pain. Doigts vifs, de l’esprit à revendre, et un sens de l’humour et du souffre qui feront aussi merveille pour des Sarcasmes exemplaires. On n’a pas mieux joué l’un comme l’autre depuis György Sandor, c’est dire ! Les étrangetés de la Quatrième Sonate sont faites avec un art de la suggestion qui manquera trop souvent à des claviers plus brillants, et le rare opus 96 nous rappelle qu’en son piano Prokofiev pouvait résumer son théâtre comme son cinéma. Ecoutez la Valse de Guerre et Paix, qui n’est pas celle que vous croyez ! Et laissez vous séduire par le Prokofiev pianiste virtuose qui revisite sur son clavier la Shéhérazade de Rimski-Korsakov ! Bel album utile qui me donne envie d’en savoir plus sur cette pianiste. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Essentiellement consacré à des œuvres issues de la première période créatrice de Prokofiev, liée à sa jeunesse en Russie (1906-1917), ce CD propose un programme généreux (plus de soixante-dix minutes de musique), consistant (cinq opus complets) et varié car il met en évidence le génie protéiforme de ce compositeur à la fois sauvage et civilisé, moderne et classique, sérieux et populaire. Tous ces styles et ces ingrédients se retrouvent en effet épars au fil des dix pièces de genre qui composent l'opus 12, des couleurs et des climats contrastés de la quatrième sonate, attachante avec son bel andante central, et des figures ironiques et grimaçantes des Sarcasmes. Net, virtuose et impétueux, le jeu de la jeune pianiste russe Evgenia Rubinova met idéalement en relief les différents rythmes et plans sonores que recèlent ces partitions complexes et dessine fermement les contours tantôt chantants, tantôt tranchants de cette musique tour à tour tendre et brutale. Plus tardives et anecdotiques, les trois pièces de l'opus 96 complètent ce disque qui s'achève sur une rareté : la Fantaisie sur des thèmes extraits du poème symphonique "Schéhérazade" de Rimsky-Korsakov, savoureux pot-pourri situé à mi-chemin entre la transcription et la variation. (Alexis Brodsky)  In his piano works, Prokofiev associates his modern musical vocabulary with classical forms and ingenious wit. The lyricism in his music remains expressive without ever becoming unduly sentimental. The structures are crystal-clear, thought out in every detail. Each piece bears Prokofiev’s personal, unmistakable stylistic mark. In his autobiography, the composer evoked four major traits in his output, which did not necessarily occur in succession, but were present in different phases of his life. First of all, a classical tendency featuring 18th-century forms and historical dances. Secondly he demonstrated a tendency to innovate: initially in the harmonies, then also in melodies, structures and the evocation of emotions. Thirdly his music often featured a “perpetual motion” style stemming from Schumann’s Toccata. Finally, he exhibited a penchant towards lyricism. Prokofiev even mentioned a fifth trait, which, in his view, was not independent, but an expansion of the previous ones: a mockingly laughing, satiric tone. I find a further special trait in Prokofiev particularly important: ever since childhood he adored the opera. He wrote his first opera, “The Giant”, when he was only nine years old. He also had a great love of dance and film. His piano works are closely related with those three genres : we encounter graphically evocative melodies, theatrical mise-en-scène, dramatic progressions, then the sheer joy of playing, of dancing, of putting on and taking off masks. All of these tendencies are contained in nuce in Prokofiev’s piano works at a very early stage : he managed to create his personal musical style ever since youth. Thus in the initial third of his output we can already find several everlasting masterworks. That is also the period from which I selected works for this CD. (Excerpt from the liner notes written by Evgenia Rubinova)

|