 Tout dévoué qu’il fut à la musique de son temps, et aux chemins de traverses, Pietro Scarpini eut, à l’instar d’Egon Petri, deux Dieux, Busoni, et Beethoven. C’est par Beethoven que son nom resta un tant soit peu gravé dans la mémoire des discophiles qui ne l’auraient pas connu autrement, puisque les éditeurs phonographiques ignorèrent sans vergogne ce pianiste majeur. A Rome, le 19 janvier 1952, Wilhelm Furtwängler lui accompagnait le 4e Concerto. Discours intense et secret, altitude métaphysique de l’Andante, envolée du Rondo, qui donc jouait avec autant d’intériorité et d’élan, si parfaitement accordé au geste de Furtwängler, Edwin Fischer ? Pietro Scarpini. Les pirates s’emparèrent de la radiodiffusion, Rhine Classics transcrivant ici le jeu des disques où fut gravée la retransmission, capturant avec bien plus d’acuité la grande sonorité boisé, les apartés songeuses, l’ombreuse poétique du discours. Magnifique, comme la belle brassée de Sonates publiées pour la première fois, prises de concerts où enregistrement réalisés par un matériel professionnel chez l’artiste sur son piano, ce qui nous vaut des lectures fulgurantes des 4e et 11e Sonates, toutes deux commencées par cette ardeur du « con brio » noté par Beethoven. Beaucoup seront surpris par la fulgurance du discours, la puissance des idées, l’infinie palette d’un piano versicolore que seul retrouvera après lui, en terre beethovénienne d’Italie, Dino Ciani. Sommet de l’ensemble, l’opus 111 en concert au Circolo della Stampa de Milan, ce gout d’infini… Mais écoutez aussi l’exultation du Rondo de la 11e Sonate enregistrée par le pianiste chez lui. De quoi pleurer cette intégrale des Trente-Deux que nous n’aurons jamais sous ses doigts. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  The Italian master pianist Pietro Scarpini played Bach's "Die Kunst der Fuge" from memory and was an early pioneer of Schönberg, Berg, Busoni, Dallapiccola and Hindemith. Until now his art remained almost inaccessible. Rhine Classics' complete collection will include 33 discs to comprehensively represent all the significant recordings left by Scarpini, many recorded privately.
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