 Ces quatre volumes consacrés à un certain Pietro Allessandro Yon organiste et compositeur italien né en 1886 dans une province italienne et mort en 1943 aux Etats-Unis près de New York, permettent de mesurer l'importance notable de ce compositeur à l'aune de l'école italienne d'orgue florissante jusqu'au dix-neuvième siècle, période que le label Brillant Classics a précieusement documenté (Morandi, Cirri, Fumagalli entre autres). L’œuvre de Yon est essentiellement organistique et chorale, quelques messes et un tube : le fameux Gesu Bambino transcrit abondamment et chanté notamment par Pavarotti. Le style de composition est avant tout fondé sur des citations de grégorien alla Respighi (Le Concerto Gregoriano), la mélodie populaire ou l'air d'opéra que Yon revisite et décline à l'envi dans d'impressionnantes méandres polyphoniques mais Yon s'avère aussi un bon contrapuntiste (Fugue de la Sonate Cromatica). Musique illustrative certes, mais composée intelligemment. En piochant dans les différents volumes, on trouve les petits bonheurs des organistes : préludes solennels, hymnes et marches attendus, une Elégie entre ouate et coton et une Toccata assez représentative du genre, des Divertimenti au nombre de douze dans la veine des pièces en « style libre » de Vierne, l'occasion de varier à volonté les jeux et les timbres. Quelques pièces isolées dépassent le modèle de développement polyphonique à partir d'un thème que l'on trouve surtout dans les trois sonates (Prima, Cromatica et Romantica) et le concerto donné ici dans ses deux versions : orgue seul et orgue et piano où les deux claviers dialoguent de façon concertante. La Rhapsodie Américaine, hommage au pays d'adoption où Yon put profiter d'une véritable carrière de soliste, reprend quelques thèmes du folklore populaire en les enrobant d'une débauche d'effets que pouvaient lui offrir les orgues américains. La Cornemuse et le Noël évoque le style populaire sicilien tout en le modernisant. On découvre dans ces enregistrements de formidables instruments aux formes rutilantes empruntant à l'Art Déco des années 20 (le Tamburini de Messine), ou le monumental du Fratelli Ruffatti comme gravé dans la roche de l'église del Santo Volto de Turin imaginée par Mario Botta. Les deux autres orgues (Le Pacifico Inzoli de Palerme (1898) et le Vincenzo Mascioni (1948) sont emblématiques de la facture d'orgue italienne du XIXème siècle. Si ces orgues regorgent de jeux originaux et de possibilités de registration illimitées, les organistes de cette collection, Massimo Gabba et Diego Cannizzaro, font preuve au contraire d'une judicieuse sobriété dans leur choix d'interprétation, respectant ainsi le style probe et fluide du compositeur. (Jérôme Angouillant)  The first three volumes of the complete collection for organ by Pietro Alessandro Yon have allowed to show the eclectic personality of the composer, suspended between sacred and profane. His music is full of the suggestions characterized by motherland’s melancholy and the precious miniatures of his new “home” in USA. This CD instead presents three works that allowed to appreciate Yon, putting it in relationship with the style of the main authors of his time and revealing surprising analogies with Marco Enrico Bossi, great organ musician who gets a huge success, beyond the Ocean, a generation before Yon. Performing those sonatas of extraordinary fascination and of challenging writing, Diego Cannizzaro has chosen the organ Pacifico Inzoli inside Chiesa di San Domenico in Palermo, an instrument built in 1898 that exalts at its maximum the brilliant sonorities of those works.
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