Krzysztof Penderecki (1933-2020)
Trio à cordes (1991)
Quatuor à cordes n° 1 (1960)
Quatuor à cordes n° 2 (1968)
Der unterbrochene Gedanke, pour quatuor à cordes (1988) – Quatuor pour clarinette et trio à cordes (1993)
Quatuor à cordes n° 3 (Blätter eines nicht geschriebenen Tagebuches) (2008)

Quatuor à cordes DAFÔ

Justyna Duda, violon
Danuta Augustyn, violon
Aneta Dumanowska, alto
Anna Armatys, violoncelle

Arkadiusz Adamski, clarinette

Les riches heures de l'édition Penderecki entamée par le label Dux se poursuivent et nous valent cet intéressant volume de musique de chambre comprenant les pièces pour quatuor, deux trios, dont un avec clarinette. Le quatuor n° 1 s'inscrit dans la période « sonoriste » du compositeur (les années 60), c'est une réduction des œuvres pour orchestre à cordes (La Threnody ou Fluorescences). Comme en cuisine, les ingrédients sont minorés mais la méthode reste la même. L'expérimental y est encore plus affuté, plus sec, d'une pureté presque abrasive. Dans le second un peu plus tardif (1968), Penderecki délaisse le percussif pour jouer sur la vibration et les glissements. L'œuvre est courte (environ 7 minutes) mais révèle des segments polymorphes, l'occasion d'inclure derrière une mélodie improbable un contrepoint souterrain. La courte pièce Der unterbrochene gedanke (1988) découvre un Penderecki plus lyrique. Pensées interrompues... certes mais cousues dans le droit fil d'un Chostakovitch. En 1991, le compositeur retourne au format chambriste pour composer un formidable trio en deux mouvements tout en tension musculaire et nerveuse. Le trio avec clarinette révèle une qualité de chant évidemment liée à l'instrument lui-même mais aussi à la nouvelle manière du compositeur. L'intitulé des mouvements (Notturno, Serenade) induisent le classicisme prégnant de l'œuvre (jusqu'au clin d'œil à Beethoven) et la référence à l'Ecole Viennoise. Le « tempo di valse » est dodécaphonique. Ajoutons une convivialité assumée du quatuor. L'Abschied final laisse entrevoir un adieu peut-être à cette musique « héroïque », au quatuor « de salon ». La dernière œuvre du programme : le quatuor n°3, daté de 2008 est composé à l'occasion de son anniversaire (75 ans), et sous-titré : Blätter eines nicht geschriebenen Tagebuches. L'occasion d'opérer un retour en arrière : une rétrospection. A travers une forme pleinement mûre, un fruit parvenu à maturité, gorgé de jus sucré, cristallisé au soleil sur la branche de l'arbre. Deux mouvements, Adagio et grave Une mélodie roumaine, une valse hallucinée... Vingt minutes de musique qui tracent une mémoire. Une façon de revenir à soi-même. (Jérôme Angouillant)