 Entre Rossini qui faisait de lui « le Mozart des Champs Élysées » et Wagner qui l’abominait pour les raisons que l’on peut deviner, l’homéotéleute de son patronyme plaçait étrangement Jacques Offenbach dans un écho lointain de la lignée du Cantor de Leipzig quoiqu’il en fût, malgré une conversion de circonstances au catholicisme, spirituellement fort éloigné. Toutefois si les Suites pour Violoncelle de Johann Sebastian Bach sont devenues la Bible des violoncellistes, Offenbach, qui était lui-même un virtuose reconnu de l’instrument, n’a ni hérité de cette consonance une semblable notoriété pour ses œuvres dédiées au violoncelle, ni su tirer avantage de cet apparent lignage. Son Concerto militaire, en dépit d’Ofra Harnoy, Jérôme Pernoo ou Edgar Moreau, est bien oublié et peu joué. Quant aux Duos pour deux violoncelles, Raphaël Pidoux et Bruno Philippe, Anne Gastinel et Xavier Phillips, Étienne Péclard et Roland Pidoux, Paul Christopher et Ruth Drummond, Philippe Muller et Alain Meunier, Raphaël Chrétien et Jérôme Pernoo, en ont déjà donné partiellement de remarquables interprétations. Mais, outre la grande qualité musicale et technique des instrumentistes italiens et leur humour lorsque nécessaire, leur communicative joie de vivre et de jouer, ils proposent ici, sans la lourdeur doctorale qu’on pourrait craindre, le résultat de leurs recherches sur les doigtés et positions les plus appropriés au dessein didactique d’Offenbach. De plus, ce qui fait ici l’intérêt supérieur de cet enregistrement est d’associer les Opus 49 (« Très faciles »), 50, 51 (« Moyenne force. Dédiés aux Amateurs »), 52 (« Brillants »), 53, 54 (« Très difficiles. Dédiés aux Artistes »), qui sont les plus connus du Cours Méthodique de Duos pour Violoncelles, aux Op.19 (« Très faciles »), 20, 21 (« Concertants. Moyenne force »), 34, et 78 (« Études ») du projet global d’Offenbach, qui, moins célèbres n’en demeurent pas moins des œuvres de grande qualité et d’une indéniable originalité. L’auditeur se plaira à retrouver ici ou là des citations ou des réminiscences musicales attestant l’esprit facétieux du compositeur. Ainsi la présentation de cette remarquable intégrale permet-elle de suivre en parallèle la progression technique du violoncelliste et l’approfondissement de son sens musical. D’une pierre, deux coups, si je peux dire, et si l’on veut, alliance ici de cette agate aux irisations infinies et de l’améthyste stimulant la créativité, qui ornaient le bâton de chef d’orchestre offert à Offenbach par les musiciens new yorkais lors d’une tournée aux États-Unis (Notes d’un musicien voyage, précédées d’une notice biographique par Albert Wolff, Calmann Lévy, p. 231). Un ensemble remarquable de près de huit heures d’intérêt et de plaisir constants, à déguster certainement en portions soigneusement choisies, mais toujours délectables. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)  Years before he took Paris by storm as a brilliantly witty composer of operettas, Offenbach was celebrated across Europe as a virtuoso cellist. It is this lesser-known aspect of his creative personality that is explored by Giovanni Sollima and Andrea Noferini, who have spent years immersing themselves in the technically intricate but always lyrical and extrovert pieces which Offenbach wrote for his instrument. Having learned the violin and cello as a child, Offenbach studied at the Paris Conservatoire, and soon secured a position in the orchestra of the Opéra-Comique. He spent much of the 1840s as a virtuoso cellist. touring Europe, including appearances in London and at Windsor where he entertained during the Ascot week banquet. The greater part of this collection, which includes many world-premiere recordings, is taken up with Offenbach’s Cours Méthodique de duos pour deux violoncelles: a ‘progressive’ course of musical instruction for pupil and teacher to play together, arranged in order of increasing difficulty. However, these studies are far from dryly didactic in character. They include imitations of hymns, choruses, funeral marches and the sound of other instruments, such as a tuba or a French horn. Following up the success of a 2CD selection (94475) from this little-known box of delights, Giovanni Sollima and Andrea Noferini present Offenbach’s entire output, which ventures far beyond the course of studies to include fantasias and transcriptions based on the most popular operas and operettas of his day. The full character of the composer is captured by Sollima and Noferini: his delight in life, his observation of all its passing pleasures and frustrations; his irrepressible sense of humour. Cellists and lovers of 19th-century rarities alike will want to investigate this ambitious survey, and discover for themselves the hidden side of Jacques Offenbach.

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