 C'est à un aller-retour Prague-Vienne que nous convie les deux interprètes de ce disque, l'une est soprano, l'autre pianiste, attachées à faire renaître un répertoire peu fréquenté, composé par des musiciens qui voyageaient volontiers entre Allemagne et Bohème tels que les décrit le romancier Eduard Morike dans son Voyage de Mozart à Prague. Accompagnés par un somptueux pianoforte (L'unique instrument conservé de Joseph Baumeister 1797 au timbre clair et coloré) une pianiste accommodante (Barbara Maria Willi) et une aimable hôtesse à la voix fluette et gracieuse quoique un peu blanche (Martina Jankova), on ne boude pas notre plaisir de découvrir ce bouquet de mélodies signées de Mozart, de Haydn et de quelques collègues tchèques. Curieusement aucune mélodie tchèque mais des textes allemands et italiens, résultat de l'imprégnation de l'opéra italien et du lieder allemand à Prague. Les compositeurs Rösler, Kozeluch, Vorisek, Tomasek, ont séjourné un temps dans la capitale autrichienne ou ont eu des contacts répétés avec la société viennoise. Les deux mélodies italiennes de Kozeluch d'après Métastase sont peu idiomatiques du compositeur symphoniste de même que celle, rare, du pianiste Vaclav Jan Tomasek de facture assez classique. Les trois airs de Vorisek témoignent d'une belle inspiration, en parfaite adéquation avec le texte d'une sensibilité toute romantique. Les quatre lieder de Mozart sont chanté avec appoint et justesse de ton, porté par la voix empathique de Jankova. Les mélodies de Jan Josef Rösler, s'appuient sur des auteurs « littéraires » (Goethe et Holty) mais sa musique imite le style à la mode, Verita est une arietta d'opéra italien leste et volubile et le An die Ferne est un lied dans la plus pure tradition allemande, intime et psychologisante. Quant aux deux mélodies anglaises de Joseph Haydn, elles ne déparent en rien ce programme austro-bohème par leur puissance expressive (O tuneful voice) et leur difficulté d'exécution (Jankova y trouve ses limites). Cerise sur le gâteau, la Flânerie printanière de Jan Vaclav Kaliwoda, pragois émigré en Allemagne puis en Suisse, tout en charme et douceur de vivre et nous fait quitter amèrement cet agréable intermède musical... où le printemps embaume et le soleil brille, qui ne voudrais alors être chanteur ? (Jérôme Angouillant)  The road between Vienna and Prague, taken in 1787 by the 31-year-old Mozart so as to attend the premiere of his opera Don Giovanni, was familiar to a number of other musicians. It was a journey they made in both directions, often with the vision of attaining a better life at the other end. The Czech songs dating from the turn of the 18th and 19th centuries, which form the axis of the present album, may be a revelation for many a listener – as may be the fact that Czech composers mainly set to music German and Italian texts. This could in part have been down to the boom of the German song for home music-making (and the associated publishing business), as well as the mass distribution of keyboard instruments in the 1780s. According to J. W. Goethe, the ability to play the piano was one of the qualities of well-bred young women that increased their chances of finding a good match ... Leopold Koželuch was one of Vienna’s most successful song composers, and, owing to, among other things, his diplomatic skills, he even eclipsed the bright star of Mozart. The Prague-based composer F. A. Rösler, whose songs are often indistinguishable from those of Mozart’s, did his utmost to preserve Mozart’s legacy following his death. And similarly to Rösler, V. J. Tomášek, who too remained faithful to Prague, possessed a refined literary taste, as duly reflected in his selection of the texts for his songs. The recording captures Martina Janková’s engrossing voice, replete with vitality, innocence, vigour and lightness, which so becomes the Mozart repertoire. Under the hands of Barbara Maria Willi, the bright and colourful sound of the one and only preserved fortepiano built by F. J. Baumeister (1797) will be for many yet another surprise and discovery on this musical odyssey.

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