 Inconnu chez nous, le compositeur et guitariste Luigi Mozzani (1868-1943) est pourtant une figure importante de la guitare du début du vingtième siècle. Par son intense activité de luthier (il inventa un modèle breveté de guitare-lyre de style "Art Nouveau" et une guitare de voyage "pliable"), sa carrière de soliste international (Il voyagea beaucoup) enfin par une oeuvre limitée à ces trois recueils de pièces dédiées toutes à l’instrument à six cordes, enregistrés sur ce disque. Le style de ces recueils rappelle celui des compositeurs guitaristes de l’époque héritiers de Tarrega (Pujol, Llobet). Un panaché d’études qui travaillent sur les aspects techniques. Des pages de caractères, sentimentales aux titres délicieusement évocateurs : Bleuette, Recueillement, Elan du coeur, Romanze, Dolore, Prière. Des danses (Valse lente, Mazurka). Une reprise de la Chanson de printemps de Mendelssohn, un hommage à Segovia, et les six Capriccio qui sont un peu tout à la fois, étude, romance, plus un clin d’oeil à la musique de la renaissance. C’est là une musique, nous dit Gilardino dans son histoire de la guitare : "… Qui offre une synthèse particulière de la musique italienne à la fin du dix-neuvième siècle, imprégnée du parfum de la Renaissance. Voici l’Italie rustique du chant populaire l’Italie bourgeoise de l’époque du Vrai et de l’Idéal". En complément de programme, la (Seule et unique?) pièce pour guitare de Respighi (qui fréquenta Mazzoni à Bologne) traduit le goût du compositeur pour la lutherie et les canons de la musique ancienne. Cette petite suite de variations qui, modulant en chemin de do majeur à si bémol majeur, est d’une esthétique bien plus recherchée que celle de Mozzani. Giulio Tampalini joue sur une guitare fabriquée dans les ateliers Mozzani à Bologne ayant appartenu à Andres Ségovia. Elle s’avère ici idéale, complétant le jeu "perlé" de l’interprète et une excellente prise de son, pour restituer les délicates nuances des compositions de Mozzani. Ce dernier retrouve ainsi sa place dans le répertoire guitaristique romantique italien. (Jérôme Angouillant)  The wirily coiffured man in his middle years who glares from the cover of this new Brilliant Classics release is Luigi Mozzani. Perhaps he has misgivings about his picture being taken; if so, it does not apparently unsettle his playing. His left-hand position suggests a stretch of unusual breadth: a Rachmaninov of the guitar, perhaps. The expression, without being too fanciful, suggests a man of pride and personal independence, and gives life to a remarkable story. Mozzani was born into grinding poverty in 1869 but as a child gained a basic musical education that enabled him to earn a living in his home-town of Faenza as a clarinettist in the town band. He taught himself the guitar, and more profitably learnt the oboe, which eventually took him across the Atlantic where he became a member of the New York Philharmonic. There too he published a method-book for the guitar which, once he had returned to Europe, made his name in the guitar fraternity. By the turn of the century, as a player, teacher and maker of guitars, Mozzani had found his metier. His output was not large, and focused on education, but full of original lyric inspiration (complemented here by the sole work for guitar of another born Italian melodist, Ottorino Respighi). The studies are as much tone-pictures as they are technical exercises, no less satisfying as a listening than a playing experience. As wider audiences will now appreciate, his works certainly belong to the finest guitar repertoire of the late 1800s: they have never been gathered together on a single CD, and many of the pieces here receive first recordings. For further historical resonance, Giulio Tampalini presents them on a guitar, built by Mozzani, which once belonged to Andres Segovia.

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