 Quelle surprenante existence que celle de Wolfgang Mayer, né le 10 mars 1778 à Bratislava, forcé par l’Empereur Joseph II, en tant que juif, d’adopter en 1803 un nom et un prénom germanique pour pouvoir accéder à des études de médecine et de musique sous le patronyme de Peter Lichtenthal, avant de s’installer brièvement à Vienne puis définitivement à Milan, où il mourut en 1853. Admirateur inconditionnel de Mozart, il écrit de ce dernier, en 1842 : « N’eût-il achevé qu’une seule composition dans chacun des genres nourris par son inépuisable imagination et par son sens artistique, on devrait reconnaître en lui le Génie des temps modernes », allant même jusqu’à recommander à ses patients les œuvres de Mozart comme traitement médical… Quoique théoricien de l’harmonie (pour les Dames ! en 1806) et compositeur lui-même, mais de maigre talent, Lichtenthal dévoua sa vie à servir la cause de Mozart en proposant des transcriptions ou adaptations pour ensembles de chambre variés des grandes compositions de ce dernier. Tout l’intérêt historique de ce disque est justement de nous présenter, sous les couleurs et les timbres inédits d’une version pour fortepiano et quatuor à cordes, le célèbre Concerto en Ré mineur Kv. 466, dont le pathétique intermède de la Romanza centrale ressort avec plus de force, tandis que le Prestissimo final exalte encore plus dans cette combinaison l’humeur tempêtueuse du premier mouvement. La Fantaisie en Ut mineur Kv. 475, est présentée sous la forme d’un dialogue entre le fortepiano et le violoncelle commentateur très expressif de Günter Schagerl, accentuant le contraste des caractères alternativement pensif et tourmenté qui structurent l’œuvre. C’est enfin avec cette identique formation qu’est adaptée la Sonate en Ut mineur Kv. 457, dont Lichtenthal avec un certain art, à défaut d’un art certain, transcrit les humeurs et fait ressortir le lyrisme tour à tour serein ou mélancolique. Ces adaptations sont évidemment anecdotiques et, comme il était de mise à l’époque (Carl David Stegmann 1751-1826), servent essentiellement de support de diffusion dans les cercles privés du temps lorsque, sans l’accès à l’enregistrement, n’avaient accès à la musique que les musiciens eux-mêmes ou leurs mécènes. Mais, en dépit de ce caractère secondaire, les musiciens du Pandolfis Consort, fondé en 2004, ainsi que la fortepianiste roumaine Aurelia Vi?ovan (1990) font preuve, dans ce répertoire, d’une belle cohésion et d’un sens affirmé des coloris permis par des instruments anciens. Ce qui rend cet enregistrement fort appréciable. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)  Peter Lichtenthal, born Wolfgang Mayer in 1779 in Bratislava, was not only a physician, but also a composer and author, including of two Mozart biographies, to which high authenticity can be attributed due to his acquaintance with Constanze Mozart and his two sons Carl and Franz. As a great admirer of the genius Mozart, he created numerous transcriptions of Mozart’s works. On its first CD of a two-part series by the title “Doktor Lichtenthals MOZART”, which is now released, the Pandolfis Consort presents piano works by W. A. Mozart in arrangements by Lichtenthal. On period instruments, the Consort takes over the function of the entire orchestra as a string quartet in the Concerto for Piano and Orchestra No. 20 in D minor, K. 466, featuring the Romanian pianist Aurelia Visovan on the likewise historic fortepiano. The Fantasy for Piano No. 4 in C minor, K. 475, and the Piano Sonata No. 14 in C minor, K. 457, also included on the CD, were extended by Peter Lichtenthal with a cello part, which is interpreted by Günter Schagerl.

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