 Lorsque Jan Schulmeister entre dans les studios de Supraphon il vient tout juste d’atteindre sa majorité. Le jury de la Junior Van Cliburn International Competition l’a remarqué, lui donnant le Troisième Prix. Dès les premières mesures sans fanfare de ses "Tableaux", le poète parle, son "Vecchio Castello" dit assez quel artiste il est déjà, modelant ces dolce irréels. Rien pour la galerie, tout pour la musique, ses "Tableaux" sont un voyage onirique et le clou d’un album qui montre aussi ses limites : l’ultime "Moment musical" le trouve débordé par les grandes mains exigées par Rachmaninov, mais ailleurs l’élégance nostalgique est si prégnante (le cantabile de l’Andante, les petites notes fuligineuses de l’Allegretto) qu’on lui pardonne la distance (ou la prudence) qu’il impose dès que le grand geste parait. Ce défaut serait-il une vertu ? Les Scriabine entendus en rêve, avec des nuances opiacées, sur un clavier de soie, le laissent croire. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Le très jeune pianiste tchèque Jan Schulmeister s’est déjà fait un nom sur la scène internationale grâce aux nombreux concours qu’il remporta et notamment ce troisième prix à la Junior Cliburn International Piano Competition en juin 2023 à Dallas, ainsi qu’à ses prestations remarquées en Estonie, Suède, Suisse, Espagne, Italie, Luxembourg, Angleterre, Autriche et Pologne. Mais ne croyez pas que sa juvénilité soit son seul et principal atout. Il s’agit en premier lieu de la maturité de sa musicalité. Son premier disque se présente comme un étonnant promptuaire de son art fin et de sensible coloriste, servi par une maîtrise digitale hors du commun et un remarquable sens de l’architecture sonore. Cela nous vaut des "Tableaux d’une exposition" d’un pittoresque subtil, parfaitement adaptés à la palette de Viktor Hartmann. La musique de Mussorgsky est incroyablement visuelle. Certains mouvements sont pleins d'humour (Le Ballet des poussins dans leurs coques), d'autres de désespoir (Bydlo, Le Château), certains combinent toute la gamme des émotions, de la peur à la comédie (Le Gnome), tous sont unis par la Promenade initiale Allegro giusto, nel modo russico, senza allegrezza, ma poco sostenuto et ses variations, qui préfigure l’atmosphère de chaque tableau. Jan Schulmeister s’y révèle peintre de formidable talent. Les élusifs Préludes que Scriabine compose à Paris en 1895 portent la trace d’un impressionnisme que le pianiste restitue à la perfection par la subtilité de son toucher. Quant aux "Six moments musicaux" que Rachmaninoff compose en 1896, bien moins schubertiens que le suggère leur intitulé, leurs atmosphères mêlent le lyrisme de Chopin au dramatisme de Wagner dans un complexe passionnel allant de l’élégie à la thrénodie en passant par la rêverie ; ce que le jeu magnifiquement inspiré de ce jeune interprète rend à merveille. Déjà un grand à découvrir de toute urgence (Jacques-Philippe Saint-Gerand)  So far, the career of the Czech pianist Jan Schulmeister has been distinguished by victories at dozens of international competitions (including the 2019 César Franck Piano Competition in Belgium, the 2021 North International Music Competition in Sweden, and the 2022 Manhattan International Competition in the USA), to which he added Third Prize at the prestigious Cliburn Junior Competition (Dallas, USA) in 2023 at 17 years of age. For his Supraphon debut, he has chosen works of the late 19th century by Russian composers, music that is firmly grounded in the national tradition but that often seeks out and remains open to stimuli from the surrounding world. The oldest of them, Mussorgsky, was a loner without any depth of academic training, but he greatly advanced the boundaries of musical expression. In Pictures at an Exhibition, he accompanies listeners at an imaginary exhibition of paintings by his late friend, the painter and architect Viktor Hartmann. Rachmaninoff wrote his lovely cycle of piano pieces Moments musicaux under time pressure while facing a profound existential and creative crisis. His classmate Scriabin, no less brilliant a pianist, chose the path of a visionary and an experimenter as a composer, as we can hear from an early opus he wrote for piano (at age 16), the Etude in C sharp minor, Op. 2, No. 1. His later Five Preludes, Op. 16 (1895) reflect the omnipresent Impressionism of Paris at the end of the century. In this repertoire, Jan Schulmeister can demonstrate all of his qualities – virtuosic technique and depth of musical feeling.

|