Mendelssohn fut un prodigieux aquarelliste, serait-ce à celles-ci que Stéphane De May songe en gravant l’intégrale des Romances sans paroles ? Il les joue sous l’abat-jour, avec une poésie certaine, des rubatos justes, et sans oublier que dans ses lieder sans paroles doit tout de même se faire entendre une voix. Je dois bien avouer qu’aux premières écoutes cette façon si discrète, ce cantabile subtil m’auront laissé un rien en retrait : le pianiste avait pris un chemin trop effacé pour moi, j’avais trop dans la tête les caractères plus contrastés, les pianos plus opulents de Rena Kyriakou ou de Livia Rev. Mais en herborisant dans les huit cahiers, en allant d’un Gondolier vénitien à la Complainte d’un pâtre, cette manière sensible m’aura gagné. Venant d’un pianiste qui avait si bien réussi ses Nocturnes de Chopin comment pourrais-je m’en étonner ? (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Pianiste généreux, Stéphane De May aime par-dessus tout partager sa passion. Enregistrer l’intégralité des romances sans paroles de Mendelssohn, dont certaines sont très peu connues, représente un véritable challenge pour un pianiste, avec plus de deux heures de musique. Le propos de Mendelssohn était de mettre en parallèle des lieder pour voix et piano, comparables à ceux de Schubert ou Schumann et d’autres pour piano seul, destinés à faire chanter l’instrument, créant des pièces lyriques d’un genre nouveau, qui connut un grand succès durant tout la seconde moitié du XIXe siècle. Le piano est donc appelé simultanément à donner une mélodie et à en assurer l’accompagnement, les deux fonctions étant intimement mêlées: il faut chanter avec les doigts. Le musicien se fait poète, il est en situation de raconter une histoire qui existe déjà. Il en existe huit cahiers au total. Ce ne sont pas 48 petits morceaux qui se ressemblent mais chacune à son identité propre, son pouvoir évocateur particulier. Elles font preuve d’une très grande richesse d’inspiration. Un profond sentiment positif, fait d’enthousiasme, de bonheur, mais aussi de beauté simple émane de toute cette musique. Elle dégage un élan, une joie de vivre, même si elle comprend aussi toutes les caractéristiques du romantisme allemand, si volontiers tourmenté.  The prodigious pianist Stéphane De May shares his passion delicately and thoughtfully through his sensitive personality. To record the complete sets of Mendelssohn’s Songs without Words represents a real challenge, with more than two hours of music. Mendelssohn’s aim was, analogous to the lieder for voice and piano, comparable to those by Schubert and Schumann and others to compose them for piano solo, aiming at making sing the piano, thus creating lyrical pieces of a new genre which befell a great success during the second half of the nineteenth century. Thus, the piano is called to simultaneously bring forth a melody and to provide its accompaniment, the two functions being intimately intermingled: one must sing with the fingers. The musician becomes a poet, finding himself in a situation of telling a story which is already there. There are in all eight cahiers, not forty-eight little pieces which resemble each other, but they all have their own identity, their own particular evocative power and are proof of a very big richness of inspiration. A profound positive feeling, made up of enthusiasm, of happiness, but also simple beauty issues forth from all this music. It unleashes a surge, a joy of life, even if it also comprises all the characteristics of German romanticism, quite easily tormented.

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