Marjana Lipovsek chante Mahler Schreker Strauss et Wolf Lieder Werba - C176891 - Orfeo

Elle possédait ce grand mezzo regardant à la fois vers la profondeur du timbre, et l’allégement de la colonne de son. Marjana Lipovsek osa tout un programme où l’on entendait d’abord des sopranos. Le concert viennois fut un succès que les ingénieurs d’Orfeo prolongèrent au disque quelques jours après en novembre 1988. Dès les "Mignon" de Wolf les mots à fleurs de lèvres (ce qu’elle n’eut pas toujours), ce sourire mélancolique, cet abandon contrôlé qu’Erik Werba veut animer, la sachant tragédienne née, forcent l’admiration. Le drame, la tension, elle les magnifiera au long d’admirable "Rücket Lieder" : après les parfums et les rêves des deux premier lieder, l’esseulement d’"Ich bin der Welt abhanden gekommen", l’élévation quasi mystique d’"Um Mitternacht" seront saisissant, presque à l’étiage de ceux laissés par Ferrier et Ludwig. Face au piano si porteur d’Erik Werba, l’orchestre de Mahler ne lui manquera pas. Preuve qu’elle fut aussi une liedersängerin consommée, le cycle de Schreker montre son art de diseuse (saisissant "ich frag’ nach dich"), et révèle l’ampleur de son répertoire : elle était seule alors à les oser, en public comme au disque. Coda chez Richard Strauss, avec l’envol final de "Zeuignung", magnifique, même si le vrai trésor reste "Die Georgine". (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)