Marco Stroppa (1959-)
Hommage à Gy. K., pour clarinette basse, clarinette en si bémol majeur, alto et piano
Un segno nello spazzio, pour quatuor à cordes
Osja, Seven Strophes for a Literary Drone, pour violon, violoncelle et piano

Ensemble KNM Berlin

Marco Stroppa, compositeur, pédagogue, spécialiste de la composition assistée par ordinateur, inventeur de l’« électronique de chambre » s’attache depuis plusieurs décennies à aiguiser notre ouïe et à élargir notre discernement : pour ce philosophe du son sensible à la psychologie de la perception, l’expérience d’écoute est unique et se renouvelle sans fin. L’Hommage à Gy. K., dédié au compositeur hongrois György Kurtág, établit un nouveau genre de musique de chambre, spatialisée mais sans électronique : la pièce se veut un théâtre sonore dans lequel les musiciens se repositionnent à plusieurs reprises, de façon à générer des effets acoustiques dépendant de la proximité des instruments entre eux, mais aussi des qualités vibrationnelles de l’environnement. Le premier mouvement d’Un Segno Nello Spazio (la plus ancienne pièce de ce disque) est construit autour d’un ensemble de « signes » à l’identité musicale forte, facilement reconnaissables et cognitivement pertinents. Dans le deuxième mouvement, deux fois plus long, Stroppa spatialise cette même forme et la remanie en jouant sur les notions acoustiques de distance, de sentiment de volume, de direction et de qualité d’une source : les « signes » - on les appellerait aujourd’hui « gestes » - du premier mouvement ont perdu certaines de leurs caractéristiques pour se fondre en de nouveaux amalgames. Au long des différentes sections d’Osja, Seven Strophes for a Literary Drone, les instrumentistes se déplacent, jouant avec notre perception : violon et violoncelle utilisent ainsi la capacité de résonnance des cordes du piano pour augmenter l’impression de distance. Avec ces trois pièces magistrales, Stroppa livre un travail d’une précision exceptionnelle. (Bernard Vincken)

Marco Stroppa views composition as musical research and is constantly aware of the dual nature of artistic thought, “the discourse about the thought and the thought itself.” On this CD, the Ensemble KNM Berlin explores the topological qualities of the sound worlds in three of Stroppa’s chamber music works. All three pieces demonstrate Marco Stroppa’s highly sensitive experimentation with sounds at the threshold of audibility. As a philosopher of sound, all sonorities are for him instruments of epistemology; as a musical poet, he tells stories with sensual, tactile, dynamic, and constantly changing sounds, the interpretation of which is always left up to the individual listener. The string quartet Un Segno nello Spazio (1994) deals with the idea of a sign in space that undergoes an intense increase of density, making the three-dimensionality of the space palpable. In the seven miniature movements of Hommage à Gy. K. for clarinet, viola, and piano (1997–2003), Stroppa honors the Hungarian composer György Kurtág. The performers repeatedly change their positions on the stage, creating differing effects which can be experienced purely acoustically thanks to skillfully managed microphone placement and audio mastering. In Osja, Sieben Strophen für eine literarische Drohne (2005/2013) for violin, violoncello, and piano, Stroppa reflects on the life of the Russian poet Joseph Brodsky through two of his poems.