Jean Balthasar Tricklir (1750-1813)
Sonate pour violoncelle n° 6 en sol majeur

Anton Filtz (1733-1760)
Sonate pour violoncelle en ré majeur, op. 5 n° 1
Sonate pour violoncelle en do mineur, op. 5 n° 3

Johann Georg Christoph Schetky (1737-1824)
Sonate pour violoncelle en do majeur, op. 4 n° 3

Johann Peter Ritter (1763-1846)
Sonate pour violoncelle n° 2 en sol majeur

Marco Testori, violoncelle
Davide Pozzi, piano forte

Dans l’Allemagne morcelée du XVIIIe siècle, la cour de Mannheim fut un haut lieu musical. Son orchestre, dont la réputation dépassait les frontières, attira musiciens et compositeurs de diverses nationalités, dont Stamitz. On y inventa des formes, un nouveau type d’expressivité, basé sur l’élaboration de nuances, de couleurs, de contrastes inédits. L’École de Mannheim fut un creuset où les instruments s’émancipèrent de ce qui fut appelé bien plus tard le « baroque », se libérèrent de la « basse continue », pour jeter les bases d’un art qui portait déjà en germe la langue dans laquelle Mozart puis Beethoven allaient s’exprimer. Ce CD consacré à un domaine restreint, la sonate pour violoncelle et clavier, ne présente aucun chef-d’œuvre. Il jette un éclairage sur des compositeurs aujourd’hui largement oubliés, contemporains de Haydn, mais qui n’eurent pas sa longévité (Filz mourut à 27 ans !). Là réside son (grand) intérêt. Certaines des œuvres tournent résolument le dos à la virtuosité et furent conçues pour de (bons) amateurs. Un noble artisanat est ici à l’œuvre et c’est en ce sens que ce disque a beaucoup à nous apprendre. Il fait découvrir une sorte de travail de laboratoire, dont on a perdu en partie l’idée et la trace aujourd’hui, et rend sensible la façon dont s’opère un tournant dans l’histoire de la musique. Tout cela regorge de moments d’une fraîcheur, d’une vivacité, et d’une inventivité réjouissantes, notamment dans l’art d’exploiter et de varier sans afféterie un thème, ou dans la façon simple, efficace de construire un dialogue où question, réponse, surprise et attente dans le jeu des instruments sont un bonheur. Ça ferraille aussi parfois merveilleusement. Un disque remarquable. Chapeau ! (Bertrand Abraham)