Louis Théodore Gouvy (1819-1898)
Oratorio "Œdipe à Colone", pour 4 solistes, chœur et orchestre, op. 75

Christa Ratzenböck, mezzo-soprano
Vinzenz Haab, basse
Stephen Roberts, baryton
Joseph Cornwell, ténor
Kantorei Saarlouis
La Grande Société Philharmonique
Joachim Fontaine, direction

Nous tenons avec ce disque une contribution majeure à la discographie de Théodore Gouvy. Comme toujours chez CPO, le travail éditorial est exemplaire, le livret détaille le contexte esthétique de l’époque entre redécouverte des passions de Bach, création des oratorios bibliques de Mendelssohn et prégnance des sujets mythologiques. Dans des tempos retenus, et avec une parfaite clarté polyphonique dans les ensembles, Joachim Fontaine confère à l’œuvre grandeur et humanité. Tragédie antique oblige, le chœur joue ici un rôle essentiel. Fascinants, ce fondu de ses timbres et cette sonorité diaphane, dans la terreur comme dans la déploration (le début de la troisième partie !). Le baryton Stephen Roberts phrase le rôle de Thésée avec une tenue aristocratique, et sa piété n’en est que plus touchante dans son invocation (« Vous que l’innocence même...»). L’Antigone de la soprano Christa Ratzenböck, timbre limpide, aigus instrumentaux, intercède pour l’Oedipe halluciné et accablé par le destin de la basse Vinzenz Haab, qu’elle rejoint dans un étreignant duo (« Dieux vengeurs… »). Bien d’autres moments d’indicible beauté ponctuent l’œuvre, je vous laisse les découvrir. (Olivier Gutierrez)

Présenté pour la première fois dans sa version originale en décembre 1881, cet « Œdipe à Colone », oratorio composé par Théodore Gouvy, suscite à l’époque un vif intérêt et rencontre un grand succès public et critique. Le triomphe est tel que le compositeur lui-même décrit ce jour comme le plus heureux de sa vie de musicien. Pour Gouvy, déjà reconnu et acclamé de Paris à Leipzig, « Œdipe à Colone » constitue une toute nouvelle expérience dans sa réception par le public. Par des recherches très fouillées et un véritable travail d’archive, Joachim Fontaine a reconstitué minutieusement cette œuvre tombée dans l’oubli. Avec La Grande Société Philharmonique, l'orchestre symphonique qu’il dirige, accompagné du Kantorei Saarlouis et de nombreux solistes de renommée internationale, il lui fait revivre ses plus belles heures.

The world premiere of the oratorio Oedipus at Colonus by the German-French composer Théodore Gouvy in the French original version on 6 December 1881 inspired great public interest. Gouvy himself described this day as the »happiest day in my life as a musician« – and did so even after his many successes not only as a symphonist but also as a chamber musician and creator of feature-length choral works. For this composer acclaimed in France and Germany, in major cities such as Paris and Leipzig, Oedipe à Colone not only became a success with the press and public but also a new musical experience to be followed by further dramatic, secular oratorios during the final years of his life. The story of the King of Thebes who unwittingly kills his father and marries his mother was just as dramatic as it was typical as subject matter in the nineteenth century, which repeatedly drew on classical dramas. After its premiere at the Gewandhaus in Leipzig, not much more was heard about Gouvy’s free adaptation of this tragedy by Sophocles. Joachim Fontaine examined the score under its layer of archival mold and spent many years reconstructing it and working toward its revival. The Grande Société Philharmonique, the symphony orchestra conducted by Joachim Fontaine and deriving its name from the first French symphony orchestra led by Hector Berlioz, was finally able once again to perform Gouvy’s Oedipe with vocal support from choirs including the Saarlouis Choral Society and internationally renowned soloists. In 2012 these ensembles and the conductor were awarded the prestigious Grand Prix of the Académie du Disque in Paris for their premiere recording of Gouvy’s oratorio Iphigénie en Tauride.