Korngold a 17 ans lorsqu’il écrit son Sextuor à cordes : l’enfant prodige qui a stupéfié Vienne par l’étendue de son talent compte déjà plusieurs œuvres à son actif et sa réputation de compositeur est bien établie. Comparable à l’Octuor de Schubert ou aux Symphonies pour cordes de Mendelssohn par sa précocité, son inventivité et sa maîtrise instrumentale, cette œuvre postromantique (1914) aux tonalités parfois ambigües semble naviguer à mi-chemin entre la "Nuit Transfigurée" de Schoenberg et l’"Apollon Musagète" de Stravinski. Opulente et polychromatique, son écriture se prête parfaitement à l’arrangement pour orchestre à cordes conçu et réalisé ici par Hartmut Rohde. Trente ans plus tard, alité à la suite d’un infarctus, Korngold commence à composer mentalement une pièce pour orchestre à cordes qui deviendra la "Sérénade Symphonique" (1948). Sombre, élégante et touchante, d’essence éminemment viennoise, elle est paradoxalement bien plus "classique" que le Sextuor. Elément central de l’œuvre, le crépusculaire Lento religioso déploie une longue mélodie emprunte d’angoisse et de mélancolie qui évoque (convoque ?) Mahler, comme si Korngold, au soir de sa vie, à l’instar de Richard Strauss avec ses 4 Derniers Lieder, composait un ultime adieu au romantisme finissant. Luxuriant, l’orchestre offre une grande variété de couleurs instrumentales, sonnant parfois comme s’il était au complet. A la tête d’une phalange peu connue mais impressionnante de cohésion et de clarté, Rohde montre une véritable affinité avec cette musique dont il a manifestement saisi l’esprit et la lettre. (Alexis Brodsky) Erich Wolfgang Korngold began composing his String Sextet during his vacation in Alt-Aussee in the summer of 1914 and while working on Violanta, his second opera. At the time he was seventeen years old, had already established himself internationally as a composer with an impressive work catalogue, and was regarded as the greatest child prodigy of his time. In the sextet, heard here in an arrangement for string orchestra by the conductor Hartmut Rohde, Korngold employs the most opulent, most richly colorful style in order to produce a highly romantic work consisting of four complex movements. Thirty years later Korngold was living in exile in Hollywood. Following a heart attack he was in the hospital and began composing a work for string orchestra in his head while recuperating. The result was his Symphonic Serenade in B flat major op. 39, one of the best works he composed during the final years of his life.
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