Boris Tichtchenko (1939-2010)
Sonate pour piano n° 3, op. 32
Sonate pour piano n° 8, op. 99
Sonate pour piano n° 9, op. 114

Vladimir Polyakov, piano

La prééminence de Chostakovitch et Schnittke ont relégué au second plan des compositeurs russes pourtant essentiels. C'est le cas de Boris Tishchenko, disciple du premier. Ce disque s'ouvre sur la troisième Sonate (1965) qui montre le compositeur très influencé par l'étude de la musique baroque. Le second mouvement débute par une ligne mélodique non accompagnée que la polyphonie vient enrichir petit à petit. Le finale présente un thème simple dans le médium, accompagné de figures rapides dans les extrêmes du clavier. La huitième Sonate, de vingt ans postérieurs, montre que le style a évolué tout en restant très reconnaissable. La simplicité du thème initial avec son insistance sur l'intervalle de tierce ne laisse pas prévoir l'incroyable richesse de la partition. Tishchenko tire parti des collages de Schnittke comme dans le finale où les éléments faussement naïfs voisinent avec des épisodes franchement parodiques. Quelle invention dans les variations qui constituent le deuxième mouvement ! La neuvième Sonate est moins titanesque et plus consonante que la précédente, même si la Barcarolle finale s'éloigne des modèles romantiques : pas de balancement tranquille mais des gerbes d'eau qui éclaboussent le clavier sur toute son étendue. Le pianiste Polyakov, ami du compositeur et dédicataire de la neuvième Sonate en offre une lecture idiomatique. Un enregistrement essentiel pour la connaissance de la musique russe au XXème siècle. (Thomas Herreng)