Excellente idée que d’avoir réunies les pièces pour piano des deux compositeurs tchèques : deux esthétiques certes fort éloignées l’une de l’autre, mais révélant l’âme d’un peuple et d’une culture. Kabelac apparaît aujourd’hui comme le plus grand symphoniste tchèque du 20e siècle. Auteur de huit symphonies, d'une cinquantaine de partitions, son style surprend par l'étonnante économie de moyens, que l’on retrouve d’ailleurs dans son écriture pianistique. Chez Kabelac, les références à l’Histoire sont permanentes, parfois allusives, parfois révélées au grand jour, exaltées même. C’est le cas des Huit Préludes datés des années cinquante. Ils traversent l’occupation nazie et la dictature communiste qui, à nouveau, relègua son œuvre aux oubliettes. Jan Bartos déploie une virtuosité remarquable afin de faire vivre cette musique âpre, complexe et qui fait appel à toute la dimension percussive de l’instrument. Les Motifs de pays exotiques sont d’une veine tout autre. En effet, durant ses études, Kabelac avait découvert la musique arabe lors d’un voyage au Caire. Passionné par les musique orientales (mais aussi d’Extrême-Orient), il entreprit, dans les années cinquante, de "recomposer" certaines pièces, refusant d’ajouter les éléments de la musique savante occidentale à des œuvres déjà abouties. Jan Bartos fait admirablement bien sonner son piano. Entre les deux grands cycles de Kabelac, l’interprète nous propose le cycle Rêves de Smetana. Composé en 1975, il fait appel à une virtuosité toute romantique, lisztienne, le caractère national des partitions étant édulcoré dans ces pièces de salon. Jan Bartos les joue avec autant de souplesse que de précision. (Jean Dandrésy) What do Bedrich Smetana and Miloslav Kabelác have in common that they feature on Jan Bartoš’s new album? Both of them were distinguished composers, conductors and pianists. Both of them created modern and timeless music for piano, which, however, remains overshadowed by their symphonic works. Smetana was writing his cycle Rêves (1875) at the time when he was completing Šárka and From Bohemian Fields and Groves, perhaps the most remarkable of the six tone poems comprising Má vlast. Kabelác was composing the two piano cycles, Op. 30 and Op. 38, while also focusing on Mystery of Time, his symphonic magnum opus, which in recent years has been discovered by some of the world’s most renowned orchestras, in Berlin, Cleveland, London and elsewhere. Kabelác’s life serves as a prime example of the fates that befell the Czech humanists, artists and intellectuals from the 1930s to the 1970s amid the turbulent historical events. While his music garnered success worldwide, he was silenced by the Communist regime in his homeland. Kabelác’s style evolved from complex to simple, thus in many respects ushering in the accession of post-modernism and minimalism. As attested to by his cycle Motifs from Exotic Lands, he was boldly inspired by non-European traditional music. Following on from critically acclaimed Leoš Janácek (Gramophone Editor’s Choice) and Vítezslav Novák albums, Jan Bartoš is now presenting Kabelác and Smetana in live recordings made at the Dvorák Hall of Prague’s Rudolfinum.
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