Quel miracle que la musique de chambre de Joseph Jongen, cet air, ces diaprures, ces soieries de musique, cette imagination dans l’usage des instruments pour en tirer des teintes, des sons si inédits, si heureux de se marier, ces symphonies de parfums qui tournent sous un grand soleil ! Prenez le Concert à cinq (flûte, alto, violon, violoncelle et harpe) et écoutez un peu avec quelle maestria, quelle invention poétique tout cela est composé pour vous mener vers une sorte d’ivresse du plaisir d’entendre. L’interprétation si mobile qu’en offrent les musiciens d’Oxalis montre tout du génie qui inspira à Jongen les partitions magiques composées tout au long de l’entre deux guerres et surtout durant les années vingt. Les œuvres assemblées ici appartiennent à cette décennie, la grande Rhapsodie op. 70 (quasi vingt minutes), où le Faune de Debussy aurait prit un cor et non une flûte, ouvre l’album, pièce majeure, aux alliages de timbres écrits pour surprendre et dont les beautés, enveloppées par le piano de Jean-Claude Vanden Eynden, sont inépuisables, jusque dans le ton de fantaisie orientale qui parait ça et là. La Danse lente fait des mystères mêlant flûte et harpe, les Deux Pièces en trio dont l’Assez lent commence comme le Petit Poucet de Ravel sont deux poèmes pour rêver puis danser, magiquement joués ici. Musiques solaires, d’un temps heureux où une autre guerre ne semblait plus possible, musiques libres, jouées avec un brio, des subtilités, qui leur rendent pleinement justice (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Dans ces pages ravissantes toutes écrites durant l’entre-deux guerres (entre 1922 et 1925 précisément), l’influence de Franck sur Jongen s’adoucit au contact de Debussy et Ravel ; le compositeur fait preuve d’une délicatesse de touche et d’une finesse d’écriture qui font de ce florilège un recueil de petits bijoux. La flute, la harpe colorent d’une palette aux limites de l’impressionniste un univers issu à l’origine de l’école de la Schola Cantorum et qui n’est pas sans évoquer Chausson, un Chausson qui aurait vécu au delà de la guerre. Les musiciens belges font de ces pages raffinées et lumineuses un enchantement qui sera pour beaucoup une découverte. A côté de la puissante symphonie concertante, un autre visage d’un musicien trop méconnu apparaît. Une délicieuse découvert et… un bel objet présenté avec élégance., qui donne envie d’entendre d’autres partitions de Jongen. (Richard Wander)
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