Johann Ludwig Krebs (1713-1780)
Sonate pour orgue n° 1 en do majeur, Krebs-WV 832
Sonate pour orgue n° 2 en sol majeur, Krebs-WV 833
Sonate pour orgue n° 3 en si bémol majeur, Krebs-WV 834
Sonate pour orgue n° 4 en ré majeur, Krebs-WV 835
Sonate pour orgue n° 5 en fa majeur, Krebs-WV 836
Sonate pour orgue n° 6 en ré mineur, Krebs-WV 837

Christian Schmitt, orgue (Orgue Creutzburg, 1733-1735)

Un des élèves préférés de J.S. Bach, mais irrémédiablement dans l’ombre d’un tel génie, et dont l’art polyphonique plus laborieux qu’inspiré allait de surcroit passer de mode à l’ère du classicisme et de la manière galante. C’est à ce style-là qu’on rattacherait ces six affables sonates cotées VW832-837, dont on sait peu, si ce n’est qu’elles peuvent se prêter au clavecin ou à l’orgue. Le coffret de Manuel Tomadin chez Brilliant (2018) ne les a pas incluses. Deux d’entre-elles, enregistrées à Zöblitz par Martin Haselböck, figuraient déjà dans le volume 4 de la série "Die Orgeln Von Gottfried Silbermann" initiée début des années 2000 par le label Querstand, à laquelle fut associé l’organiste et musicologue Felix Friedrich, spécialiste du compositeur qu’il catalogua en 2009. C’est lui qui redécouvrit le manuscrit de ces six œuvres, l’édita en 2011, et la même année les enregistra en juin à la cathédrale de Zeitz, au sein du onzième volume de son intégrale Krebs. Un complet enregistrement des six sonates suivit en juillet 2014 à la Trinitatiskirche de Warlitz, par Jan von Busch (Audiomax) : les neuf jeux de cet instrument de 1769 flattaient le caractère chambriste mais limitaient la palette. La trentaine de jeux aux trois claviers du Creutzburg-Orgel de Duderstadt permettent ici une tout autre variété de registrations ! Dans la généreuse acoustique de la Cyriakuskirche, pareille luxuriance de timbres séduira intrinsèquement, même si ces partitions se contenteraient d’une svelte loquacité. Trop d’opulence pour des pages qui, sans tant de fard, visent simplement à plaire, à toucher ? En tout cas, sous les doigts de Christian Schmitt, la virtuosité se subsume légitimement à l’expression, le charme s’étale, l’ornementation sait se parer en dosant l’élan (Allegro en fa majeur, ingénieusement trillé). La qualité audiophile du SACD ne laisse rien perdre de ces girondes coquetteries. (Christophe Steyne)

In German usage, it has become customary to refer to older compositions for keyboard instruments—unless explicitly written for harpsichord or organ—as "Clavierwerke" (keyboard works). Since the boundaries were fluid, these sonatas for a pedalless "Clavier" can certainly be interpreted on a suitable pipe organ. The organ at St. Cyriakus Church in Duderstadt offers just such possibilities, despite various modernizations: Created by Johannes Creutzburg between 1733 and 1735, the instrument belongs to precisely the same period when young Johann Ludwig Krebs completed his training with Leipzig's Thomaskantor, Johann Sebastian Bach. In these six sonatas—rediscovered only in 2009—the student speaks a distinctly different language from his teacher: playful, carefree, occasionally "dallying", and always galant are these pieces from his hand.