Johann Friedrich Agricola (1720-1774)
Achille in Sciro, opéra en 1 prologue et 3 actes

Angelo Giordano, contreténor (Achille)
Julia Gromball, soprano (Deidamia)
Joel Vuik, contreténor (Ulysse)
Jasper Sung, ténor (Licomede)
Nicolas Ziélinski, contreténor (Teagene)
Leila Grace Hills, soprano (Nearco)
Miriam Zubieta, soprano (Pallade/Arcade)
Opernchor des Theaters Altenburg Gera
Philharmonisches Orchester Altenburg Gera
Gerd Amelung, direction

Johann Friedrich Agricola, élève (et copiste) de Bach durant 3 ans à Leipzig, avant de l’être de Quantz, Graun et Hasse, achèvera sa carrière auprès de Frédéric II, à Potsdam. Son œuvre, considérable, est largement tombée dans l’oubli. Cet enregistrement exhume un "Achille in Sciro", dont le livret souvent illustré, de Métastase, n’est plus guère connu qu’au travers de l’opéra composé par Caldara pour le mariage de Marie-Thérèse, à Vienne, en 1736. Les augures ayant prédit la mort du héros sous les murs de Troie, sa mère l’envoie chez Lycomède, sur l’île de Scyros, où il se cache sous des traits féminins. Il s’éprend de la fille du roi, Deidamia. Et Ulysse, à sa recherche, le confond, ce qui autorisera leur mariage, béni par l’Amour, la Gloire et le Temps. L’ouvrage est écrit pour des virtuoses, avec toutes les concessions faites pour mettre en valeur leurs prouesses. C’est la marque du temps, et il faut reconnaître que, pris séparément, chacun des airs présente un réel intérêt. Là où le bât blesse, c’est que l’enchaînement systématique de récitatifs, ici très convenus, avec des arias prétextes à des démonstrations d’une virtuosité le plus souvent gratuite devient vite lassant. D’autant que les voix sont peu variées (3 sopranos, 3 contre-ténors et un ténor) et qu’à l’audition, il n’est pas aisé de reconnaître le personnage incarné. Ces réserves faites, le grand mérite de l’enregistrement, fort bien servi par la direction, l’orchestre et les chœurs, comme par chacun des solistes, est de nous plonger dans la vie lyrique du temps. La bande-son étant issue d’une série de représentations (mise en scène Laurence Dale), on espère qu’une diffusion vidéo, plus propre à permettre à l’auditeur de s’approprier la dimension dramatique, sortira prochainement. (Yvan Beuvard)

Johann Friedrich Agricola (1720–1774) is today primarily known as the author of a significant treatise on singing. All the more remarkable, therefore, is the first recording of his late Baroque festive opera Achille in Sciro (1765), which, after more than 250 years, is once again performed by the Theater Altenburg Gera under the direction of Gerd Amelung. Agricola, a pupil of Johann Sebastian Bach, was appointed from Thuringia to Berlin, where he worked as a court composer alongside contemporaries such as Carl Philipp Emanuel Bach and Joachim Quantz. In Achille in Sciro – with a libretto by the opera revolutionary Pietro Metastasio – the young Achilles, disguised as a woman, escapes his fate of being involved in war on the island of Skyros. Torn between his lust for battle and his love for the king's daughter Deidamia, he is faced with a momentous decision. The outstanding soloist ensemble, almost entirely consisting of high voices – including three countertenors – brings to life the nuances of vocal artistry in the transition from Baroque to Classical in a strikingly impressive manner. The Theater Altenburg Gera is the most-visited opera house in Thuringia. The recording was made as part of the highly acclaimed stage production resulting from an elaborate reconstruction in 2024.